Dissertations corrigés de philosophie pour le lycée

Catégorie : Le bonheur

Le bonheur, idéal ultime de la vie, est le moteur de nos actions et de nos aspirations. Il soulève des questions essentielles sur la nature du contentement, sur ce qui donne un sens à nos existences, et sur les chemins que nous empruntons pour y parvenir. La philosophie nous invite à explorer les concepts de félicité, de satisfaction, et les voies vers un bien-être profond.

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Désirer, est-ce nécessairement souffrir ?

Dans un élan d’interrogation métaphysique, on questionne la nature du désir en lien avec la souffrance. Désirer, est-ce nécessairement souffrir ? Voilà une problématique qui pousse à étudier la dimension existentielle du désir, et sa fusion intrinsèque avec la douleur.

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Est-ce à la loi de décider de mon bonheur ?

L’interrogation « Est-ce à la loi de décider de mon bonheur ? » soulève des questions complexes liées à la liberté individuelle, au rôle des institutions et à la définition même du bonheur. Cette dissertation se propose d’analyser ces aspects de manière critique.

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Avons-nous le devoir de faire le bonheur des autres ?

Au cœur de nombreux débats éthiques et philosophiques se trouve cette interrogation : avons-nous le devoir de faire le bonheur des autres ? Cette question brasse de vastes concepts tels que la responsabilité individuelle, l’altruisme et l’égoïsme.

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Dépend-il de nous d’être heureux ?

La question de savoir si notre bonheur dépend de nous-même peut nous conduire à réfléchir profondément dans un cadre philosophique. Cette dissertation se concentrera sur cette problématique, en analysant diverses perspectives et arguments.

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Devons-nous chercher à être heureux ?

Le bonheur, concept central, omniprésent dans nos sociétés actuelles, est-il véritablement un objectif à poursuivre ? Devons-nous réellement chercher à être heureux ? Cette dissertation vise à analyser ces questionnements d’un point de vue philosophique.

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Notre bonheur doit-il quelque chose à la chance ?

La dissertation philosophique sur le thème « Notre bonheur doit-il quelque chose à la chance ? » se penche sur la question de savoir si le bonheur est le fruit du hasard ou le résultat de nos actions et décisions.

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Le bonheur peut-il se passer de liberté ?

La dissertation philosophique qui suit se penche sur la question complexe du lien entre bonheur et liberté. Peut-on réellement être heureux sans être libre ? Ou la liberté est-elle une condition sine qua non du bonheur ?

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Le bonheur est-il affaire de raison ?

La question de savoir si le bonheur est une affaire de raison est l’une des interrogations les plus profondes et fascinantes de ce domaine.

La quête du bonheur est-elle vaine ?

La quête du bonheur est-elle vaine ?

La quête du bonheur est un sujet universel et intemporel qui suscite de nombreux débats. Cette dissertation explorera si cette quête est vaine, en analysant les différentes perspectives philosophiques, psychologiques et sociologiques, afin de comprendre si la poursuite du bonheur est une entreprise futile ou une nécessité humaine.

Un ours cherchant son devoir parmi les étoiles

Suffit-il de remplir ses devoirs pour être heureux ?

La dissertation philosophique qui suit explore la question de savoir si le simple fait de remplir ses devoirs est suffisant pour atteindre le bonheur. Cette interrogation nous invite à réfléchir sur la nature du bonheur et le rôle des obligations dans notre quête de satisfaction personnelle.

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Une vie heureuse est-elle une vie de plaisirs ?

La question de savoir si une vie heureuse est nécessairement une vie de plaisirs est un sujet complexe et débattu en philosophie. Cette dissertation explorera les différentes perspectives philosophiques sur le bonheur, le plaisir et leur interrelation, afin de déterminer si le plaisir est essentiel à une vie heureuse.

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Exemples de sujets de dissertation de philosophie sur le bonheur

Quels sujets possibles pour une dissertation en philosophie sur le bonheur ? Le bonheur dépend-il de nous ? Entre la vertu et le bonheur, où se situe l'Homme ? Etc.

Dissertation sur le bonheur

Credit Photo : Pexels Lisa Fotios

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Sujet 1 - Le bonheur dépend-il de nous ? Sujet 2 - Entre la vertu et le bonheur, où se situe l'Homme ? Sujet 3 - Est-il naturel de vouloir être heureux ? Sujet 4 - La raison est-elle le chemin du bonheur ? Sujet 5 - La recherche du bonheur dure-t-elle toute une vie ?

Sujet 1 - Le bonheur dépend-il de nous ?

Il y a une recherche incessante du bonheur qui nous amène à tomber dans une sorte d'obsession, sans savoir exactement ce que c'est que le bonheur ni comment on peut l'avoir. Le bonheur est l'état dans lequel tous les êtres humains aimeraient se trouver. Mais sait-on dans quelle mesure être heureux dépend de soi-même ?

Tout d'abord, pour savoir ce qu'est vraiment le bonheur, il faudrait se poser une question : qu'est-ce que le bonheur pour moi ? La réponse peut être quelque peu complexe et pleine de nuances différentes pour chacun de nous. Ces nuances nous indiquent que le bonheur n'est pas quelque chose qui existe dans les circonstances dans lesquelles nous vivons, mais plutôt quelque chose qui est en nous-mêmes, dans la façon dont nous vivons ces expériences.

John Locke a dit : « Les hommes oublient toujours que le bonheur humain est une disposition de l'esprit et non une condition de circonstances ».

Sujet 2 - Entre la vertu et le bonheur, où se situe l'Homme ?

Comment être heureux ? Quel est le bien propre et spécifique de l'homme ? Comment l'homme devrait-il ordonner sa vie pour atteindre le bonheur ? Qu'est-ce que la vertu et comment est-elle liée au bonheur ? Le bien et l'heureux coïncident-ils dans le vertueux ? Sommes-nous liés par le bonheur ou pouvons-nous vraiment choisir de ne pas être heureux ?

D'après Aristote :

  • Le bonheur est ce vers quoi toutes les actions humaines sont dirigées.
  • Le bonheur est synonyme de perfection.
  • Le bonheur constitue l'activité la plus excellente et la plus élevée de l'être humain.
  • Le bonheur est un bien autarcique, il est recherché et vaut pour lui-même et non pour atteindre un autre bien
  • Le bonheur doit rendre l'homme bon.

Sujet 3 - Est-il naturel de vouloir être heureux ?

Nous avons parfois l'impression que le bonheur n'est plus un but ou un simple état à jouir, mais plutôt une obligation. Il faut être heureux à tout moment, pour tout et, dans la mesure du possible, faire participer les autres à ce bonheur.

Et si le bonheur n'était pas ce que l'on nous a fait croire ?

Dans le roman Madame Bovary , de Flaubert , l'auteur essaye de nous transmettre un message sur le bonheur au travers du personnage d' Emma , qui veut connaître la signification exacte des mots bonheur, passion et aliénation. Sommes-nous des Emma Bovary ?

Sujet 4 - La raison est-elle le chemin du bonheur ?

La philosophie dit que la raison n'est pas un attribut exclusif du rationalisme. De même, l'empirisme - la théorie « opposée » au rationalisme - ferait usage de la raison. En ce sens, Spinoza est un rationaliste radical, absolu, puisqu'il part de l'idée que, par la raison, l'être humain est capable de comprendre la structure (rationnelle) du monde qui l'entoure.

Ainsi, Spinoza dit que la philosophie n'est rien d'autre que la connaissance divine. C'est le mode suprême de connaissance. Et, c'est là que résident à la fois la liberté et le bonheur que nous recherchons dans la vie.

Sujet 5 - La recherche du bonheur dure-t-elle toute une vie ?

Personne ne naît heureux ou malheureux, il n'y a pas de gène connu pour le bonheur. Ceci n'est pas hérité, il doit être gagné tout au long de la vie.

La prétention d'atteindre le bonheur (une sorte de bien-être subjectif) c'est quelque chose de complexe. Il a été souligné que le bonheur n'est pas une destination, mais plutôt une attitude avec laquelle on voyage dans la vie. En médecine, en termes holistiques, le bonheur serait de vivre en paix, d'un point de vue psychologique, avec nous-mêmes, avec une bonne relation familiale et avec d'autres personnes dans l'environnement où nous vivons, d'être en bonne santé et avoir un bon état physique ; mais, est-ce possible de trouver le bonheur où il ne s'agit que d'un idéal ?

Kant dit que « Le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur des principes empiriques ».

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Exemple de sujet : Plaisir et bonheur

Dans le Gorgias, Socrate défend l’idée qu’un homme heureux est celui qui est capable de réguler ses désirs, de telle sorte qu’il ne sera pas l’esclave d’une recherche effrénée du plaisir. Se fondant sur une célèbre métaphore d’un tonneau qu’il s’agirait de remplir patiemment des biens les plus précieux et de consolider afin qu’il ne fuie pas, Socrate se voit pourtant opposer par Calliclès une conception plus hédoniste, selon laquelle le breuvage importe peu à condition d’avoir l’ivresse. L’iconoclasme moral de Calliclès, préfigurant la conception sadienne des plaisirs, consiste alors à montrer que l’homme doit rejeter une conception du bonheur uniquement fondée sur la mortification du corps. Le lien entre plaisir et bonheur est en ce sens ambigu. Il faut en effet problématiser la proximité entre les deux termes pour s’apercevoir de toute la difficulté de cette question. Si le plaisir désigne une satisfaction immédiate d’un désir, qui s’accompagne donc d’une sensation de bien-être ressentie par l’homme, le bonheur paraît alors dépendre du plaisir, puisqu’il désigne une satisfaction durable de l’homme, la seule différence entre les deux tenant au fait que le bonheur enjoint de privilégier le... [voir le corrigé complet]

L'École des Lettres – Revue pédagogique, littéraire et culturelle

Bac philo : sujets et proposition de corrigé sur le bonheur

Hans Limon

  • 15 juin 2023
  • Actualités , Actualités pédagogiques , Baccalauréat , Philosophie

Les sujets du bac philo 2023

Filière générale :

  • Le bonheur est-il affaire de raison ?
  • Vouloir la paix, est-ce vouloir la justice ?
  • Un extrait de  La Pensée sauvage  (1962), de Claude Lévi-Strauss

Filières technologiques :

  • L’art nous apprend-il quelque chose ?
  • Transformer la nature, est-ce gagner en liberté ?
  • Un extrait de la  Théorie des sentiments moraux  (1759) d’Adam Smith

Proposition de corrigé : le bonheur est-il affaire de raison ?

Introduction

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«  Ignorance is bliss  », affirme Cypher, personnage du film de science-fiction  The   Matrix  (1999) préférant être réencodé dans la simulation heureuse de la matrice plutôt que de vivre lucide au beau milieu d’un « désert du réel » au ciel obscurci, dominé par l’intelligence artificielle et le machinisme totalitaire. Avec cette sentence émerge la question de la nature du bonheur : réclame-t-il une part de calcul, de maîtrise et de prévision, un effort d’honnêteté, de réflexion, une conduite morale conforme à certains principes déontologiques, ou n’est-il qu’un état de satisfaction reposant sur la puissance des désirs et faisant feu du bois de l’ignorance, de l’illusion, du matérialisme et de la sensualité ? Le bonheur, étymologiquement affaire de chance, est-il à la portée de notre libre arbitre ? Peut-on travailler à être heureux ou faut-il, au contraire, en opportuniste guettant la moindre occasion, s’y abandonner ? Plutôt que sur la raison, le bonheur ne repose-t-il pas sur la passion ? Est-il marqué du sceau de l’égoïsme ou de la moralité ? Enfin, peut-on à coup sûr se rendre heureux ? Existe-t-il une technique du bonheur ? Dans quelle mesure peut-on se rendre soi-même heureux ? Voici quelques pistes de réflexion, à rédiger et à développer.

Première partie : le bonheur, une affaire de passion ?

L’évidence première définit le bonheur comme un état durable – à distinguer de la joie éphémère – découlant de la satisfaction de tous nos désirs.

  • Calliclès, rhéteur du  Gorgias  de Platon et chantre de « la justice selon la nature », ne conçoit de bonheur que dans l’accroissement des désirs et leur satisfaction subséquente.
  • De son côté, l’utilitarisme prône une moralité basée sur le bonheur du plus grand nombre, au niveau individuel comme au niveau collectif. Ce bonheur étant garanti par un calcul félicifique contrebalançant avantages et inconvénients.
  • Étymologiquement reliée à l’idée de calcul, la raison semble quelque peu abstraite, desséchante et théorique. Plaçant la vie au-dessus de la vérité, Nietzsche n’hésite pas à vanter les vertus de l’oubli et le pouvoir de l’illusion, notamment dans sa dimension artistique. 
  • La psychanalyse freudienne décrit l’économie pulsionnelle par l’intermédiaire du principe de plaisir. Le but de tout désir est d’obtenir satisfaction. En nous confrontant aux limites, normes et interdictions en tous genres, la raison nous précipite dans l’abîme douloureux et maladif du refoulement. 
  • Enfin, que peut l’aride raison aux principes universels face au subjectivisme de fond de tout bonheur ? Quelle prise a-t-elle sur le hasard, dont la faveur et la défaveur peuvent déterminer la trajectoire d’une vie ?

Transition Un bonheur fondé sur la passion n’est-il pas un bonheur animal ? N’y a-t-il pas un bonheur spécifiquement humain dont la raison serait la condition ?

Deuxième partie : la raison au service du bonheur 

En tant qu’instrument – propre à l’homme – permettant de dissocier le vrai du faux, le bon du mauvais, le bien du mal, la raison est garante d’un bonheur sage, stable et équilibré. Il existe donc une dichotomie entre un bonheur animal, matériel, et un contentement consubstantiel à la moralité.

  • Socrate n’hésite pas à qualifier l’homme selon Calliclès de «  pluvier  », un oiseau qui mange et fiente en même temps. Le bonheur platonicien est en effet le fruit d’une tempérance et d’une harmonie entre les trois parties de l’âme : l’ epithumia  ou désir, le  thumos  ou courage, et le  noûs (également  logistikon ) ou l’intellect. Vouloir satisfaire tous ses désirs revient à tenter de remplir un tonneau percé, en l’occurrence celui des Danaïdes.
  • Le bonheur du stoïcien n’est possible que par la distinction entre ce qui dépend de lui et ce qui n’en dépend pas, autrement dit de la prévalence lucide du principe de réalité sur le principe de plaisir. 
  • Aristote fait dépendre le bonheur de la vertu, juste mesure en toute chose acquise par l’habitude, et d’une activité conforme à la raison, part divine de l’homme.
  • Dans sa  Lettre à Ménécée , Épicure, en médecin de l’âme, propose une hiérarchisation éclairée des désirs menant à l’aponie, calme du corps, et à l’ataraxie, sérénité de l’âme.
  • Dans sa correspondance avec Élisabeth, fille du roi de Bohême, Descartes distingue bonheur et béatitude : cette dernière est la conséquence de la générosité, c’est-à-dire le bon usage de notre libre arbitre. S’illusionner revient selon lui à s’étourdir «  avec du pétun  », c’est-à-dire se perdre dans les fameux « paradis artificiels » : dans un langage sartrien, celui qui s’illusionne sait bien, au fond, qu’il s’illusionne. Son bonheur est donc fragile car incessamment menacé par l’immixtion de la réalité.

Transition La raison est-elle un instrument infaillible ? Le bonheur s’offre-t-il immanquablement à tout être raisonnable et moral ? Plutôt qu’un but accessible par une conduite conforme aux prescriptions de l’intelligence et aux injonctions du devoir, le bonheur n’est-il pas un idéal de l’imagination ?

Troisième partie : les limites de la raison et le bonheur comme idéal de l’imagination 

On peut être sensé, altruiste et lucide, sans toutefois être heureux. Si elle est nécessaire au bonheur, la raison n’y suffit pas pour autant.

  • Kant opère une distinction entre doctrine de la vertu et doctrine de la prudence : agir par devoir relève de l’évidence et d’un impératif catégorique, quand se rendre heureux dépend d’impératifs hypothétiques, c’est-à-dire de conseils dont l’effet n’est jamais garanti.
  • Aristote lui-même n’hésite pas à préciser qu’un sage, même vertueux, ne peut pas être heureux si la fortune s’acharne contre lui. Comment, en effet, accéder à la béatitude si je suis enchaîné à une roue en feu qui ne cesse de tourner ?
  • D’autres moyens d’accès au bonheur sont à envisager : la sensibilité, l’intuition ou ce que Pascal, dans ses  Pensées  (1670), nomme « vérités de cœur », par opposition aux « vérités de raison ». Dieu étant l’une de ces vérités de cœur.
  • La lucidité, comme l’explique Kant, est bien souvent une cause de tristesse (d’après l’expression qui lui est consacrée, c’est l’imbécile qui est heureux). Le respect de la loi morale, elle-même identifiée comme fait de la raison ( factum rationis ), ne conduit pas nécessairement au bonheur. Le pouvoir des hommes se limite à s’en rendre digne. Pris en lui-même, le bonheur n’est qu’un idéal de l’imagination qu’un sage peut rechercher, sans l’atteindre, toute une vie durant. Devant cette injustice, la raison n’est aucunement démunie : elle postule un Dieu justicier qui, dans l’au-delà, récompensera – proportionnellement – la moralité par le bonheur.

Conclusion 

Le bonheur n’est pas le fruit du pur hasard, pas plus qu’il n’est la somme d’un calcul savant. Il peut aussi consister en un « lâcher-prise » ou une « intensification du sentiment d’exister » telle que la décrit Rousseau dans Les Rêveries du promeneur solitaire  (1782) : un abandon au pur et simple temps présent. Reste à savoir si l’on peut invoquer une raison collective – une raison d’État ? – garante d’un droit au bonheur que stipule – entre autres – la constitution américaine. Et si, individuel comme collectif, le bonheur est la responsabilité de chacun, n’est-il pas – de nos jours – irrémédiablement conditionné par les médias et les réseaux sociaux ? La sentence de Cypher ne serait-elle pas, dans cette mesure, plus raisonnable qu’il y paraît ?

*Hans Limon est professeur de philosophie au lycée Louis-Massignon d’Abu Dhabi et chargé de projets culturels.

L’École des lettres est une revue indépendante éditée par l’école des loisirs . Certains articles sont en accès libre, d’autres comme les séquences pédagogiques sont accessibles aux abonnés.

Hans Limon

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Dissertation, « Le bonheur est-il affaire de raison ? », sujet de métropole, juin 2023

Introduction, i. la raison ne saurait nous rendre heureux, 1.  le bonheur est une affaire d'imagination, 2. la raison nous empêche même d'être heureux, 3. le bonheur, une affaire de désir, ii. le bonheur est affaire de conditions matérielle, 1. de la raison au plaisir, 2. le bonheur, une affaire de conditions matérielles d'existence, 3. le bonheur est affaire d'organisation sociale de la vie, iii. la raison actualise le bonheur, 1. le bonheur est affaire d'un plaisir raisonné, 2. sans raison, pas de sagesse ; sans sagesse, pas de bonheur, 3. la raison permet de se juger heureux.

  • Philosophie bac 2025
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Le bonheur, philosophie- Peut-on être heureux sans être libre? En étant injuste? Pour trouver le bonheur,faut-il le chercher?

Qu'est-ce que le bonheur définir pour problématiser -l’eudémonisme antique -conception aristotélicienne , épicurienne,stoïcienne-le bonheur est-il la satisfaction de tous les désirs platon, gorgias-, faut-il préférer la vérité à son bonheur les lois peuvent-elles faire le bonheurprogramme bac de philosophie 2024.

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Qu'est-ce que le bonheur? Définir pour problématiser

Etymologiquement :

Etymologiquement,  bonheur  fait référence à  « la chance, au hasard. »   vient de l’expression « bon eür ». « Eür » est issu du latin augurium qui signifie  « chance », c’est l’appui des dieux.

Le bonheur, c'est en français la chance, mais aussi l'état de la conscience pleinement satisfaite. (Dictionnaire Le Robert).

On distinguera le bonheur de la joie ou du plaisir : le bonheur renvoie à un état de satisfaction durable (une joie peut être éphémère) et profond (un plaisir peut être superficiel).

Si l'on définit le bonheur par sa durée, quels problèmes pose cette définition? 

 Le bonheur est-il une illusion? 

Dépend t'-il de nous d'être heureux? 

Autrui peut-il faire mon bonheur? 

Le bonheur est défini comme un état durable de satisfaction de tous les désirs . Est heureux celui qui ne souffre plus d’aucun manque ou frustration ( désir insatisfait), ni d’aucune angoisse (peur qu’un désir se trouve insatisfait). (Voir la doctrine épicurienne du bonheur, selon laquelle le bonheur est un état de “plénitude”, où ne subsiste aucun trouble de l’âme ni du corps.)

Mais le bonheur est difficile à définir dans la mesure où il est une affaire individuelle voici ce qu’en dit le philosophe  Blaise Pascal  :  « Tous les hommes recherchent d’être heureux ; cela est sans exception ; quelques différents moyens qu’ils y emploient, ils tendent tous à ce but. Ce qui fait que les uns vont à la guerre, et que les autres n’y vont pas, est ce même désir, qui est dans tous les deux, accompagné de différentes vues. La volonté [ne] fait jamais la moindre démarche que vers cet objet. C’est le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusqu’à ceux qui vont se pendre »   Blaise Pascal, Pensées.

Quelques définitions du bonheur

Aristote  : “S’il est vrai que le bonheur est l’activité conforme à la vertu, il est de toute évidence que c’est celle qui est conforme à la vertu la plus parfaite, c’est-à-dire celle de la partie de l’homme la plus haute. C’est l’activité de cette partie de nous-mêmes, activité conforme à sa vertu propre qui constitue le bonheur parfait”

Kant : “Le pouvoir, la richesse, la considération, même la santé ainsi que le bien-être complet et le contentement de son état, est ce qu’on nomme le bonheur”

L’eudémonisme antique - La conception aristotélicienne , épicurienne et stoïcienne - Le bonheur est le Bien suprême selon l’eudémonisme

L’eudémonisme antique

Dans la philosophie antique, le bonheur est le souverain Bien, c’est-à-dire, la fin suprême à laquelle toutes les autres fins sont subordonnées. Le bonheur par conséquent n’est pas un don. Il est en notre pouvoir. Par opposition à la pensée commune, il est nécessaire d’opposer le plaisir et le bonheur. Le plaisir est éphémère tandis que le bonheur par opposition à l’agréable est durable. Donc le plaisir et l’agréable peuvent tout au plus en être l’accompagnement.

La conception aristotélicienne , épicurienne et stoïcienne

Selon Aristote , Épicure et les stoiciens, le bonheur est durable; il n’est pas dissociable d’une vie vertueuse fondée sur la raison ;La raison est le propre de l’homme, elle doit guider ses choix.

Une vie heureuse serait par conséquent une vie conforme à la raison .

le bien pour l’homme consiste dans une activité de l’âme en accord avec la vertu, et, au cas de pluralité de vertus, en accord avec la plus excellente et la plus parfaite d’entre elles. Mais il faut ajouter : « et cela dans une vie accomplie jusqu’à son terme », car une hirondelle ne fait pas le printemps, ni non plus un seul : et ainsi la félicité et le bonheur ne sont pas davantage l’œuvre d’une seule journée, ni d’un bref espace de temps.

Aristote , Ethique à Nicomaque, I, 6

Pour Épicure, il faut régler ses désirs sur la nature. Pour les stoiciens, l’homme doit accepter l’ordre du monde. Le bonheur est une absence de trouble. Pour Aristote, le bonheur est l’activité et la vertu propres à chaque être. Celle de l’homme est de penser; une vie heureuse est une vie pleinement humaine c’est-à-dire, délivrée du besoin et tournée vers l’intelligence.

Le bonheur est le Bien suprême selon l’eudémonisme

L’eudémonisme est donc une morale qui affirme que le bonheur est le Bien suprême. Selon Aristote , le bonheur est la fin anhypothétique, elle ne suppose aucune autre fin en dehors d’elle, vis-à-vis de la vie morale. Si nous désirons santé, beauté, richesse, c’est toujours en vue du bonheur. Pour savoir en quoi consiste le bonheur qui est la fin propre, il faut noter que tout homme vise sa fin propre lorsqu’il accomplit sa fonction propre. Aristote appelle vertu cet accomplissement d’une fonction, par exemple la vertu de l’œil est de voir. La fonction de l’homme, c’est la vie selon la raison; c’est par la vertu que l’on atteint le bonheur; elle nous pousse à rechercher la juste mesure; de cette orientation théorique de l’éthique découlent des impératifs en particulier celui-ci :

Une notion grecque , le kairos , le moment opportun

Cela suppose le respect du kairos : le moment opportun. Il faut savoir choisir le bon moment pour agir car il y a mille façons de mal faire tandis qu’il n’y en a qu’une pour bien faire. Le bonheur n’est pas le même pour tous car le choix de la juste mesure en quoi consiste la vertu dépend des circonstances dans lesquelles on se trouve et de la nature de chacun.

La conception épicurienne et stoicienne

L’ eudémonisme d ’ Épicure et des stoiciens est plus subjectif; le bonheur est la possession des biens mais il ne dépend pas de nous de les posséder. C ’ est pourquoi le stoïcisme conseille de vouloir ce qui arrive. Seul le sage est heureux, c ’ est un épicurien car il sait régler ses désirs. « ? Il faut changer ses désirs plutôt que l ’ ordre du monde ? », est la citation qui illustre le mieux la conception épicurienne du bonheur. Ne désirant que ce qu ’ il peut obtenir, l ’ homme ne manque pas d ’obtenir ce qui désire .  Pour les stoïciens, le sage est celui qui met en conformité ses actions avec l’ordre de la nature. Le stoïcisme vise lui aussi l’ataraxie mais par la vertu et la raison. 

Epicure, Texte 1

Il faut se rendre compte que parmi nos désirs les uns sont naturels, les autres vains, et que parmi les premiers il y en a qui sont nécessaires et d’autres qui sont naturels, seulement. Parmi les nécessaires il y en a qui le sont pour le bonheur, d’autres pour la tranquillité continue du corps, d’autres enfin pour la vie même. Une théorie non erronée de ces désirs sait en effet rapporter toute préférence et toute aversion à la santé du corps et à la tranquillité de l’âme, puisque c’est la perfection même de la vie heureuse. Car tous les actes visent à écarter de nous la souffrance et la peur. Lorsqu’une fois nous y sommes parvenus, la tempête de l’âme s’apaise, l’être vivant n’ayant plus besoin de s’acheminer vers quelque chose qui lui manque, ni de chercher autre chose pour parfaire le bien de l’âme et celui du corps. C’est alors en effet que nous éprouvons le besoin du plaisir quand, par suite de son absence, nous éprouvons de la douleur ; mais quand nous ne souffrons pas, nous n’éprouvons plus le besoin du plaisir. Et c’est pourquoi nous disons que le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse. C’est lui en effet que nous avons reconnu comme bien principal et conforme à notre nature, c’est de lui que nous partons pour déterminer ce qu’il faut choisir et ce qu’il faut éviter, et c’est à lui que nous avons finalement recours lorsque nous nous servons de la sensation comme d’une règle pour apprécier tout bien qui s’offre. 

Epicure, Lettre à Ménécée

Epicure, texte 2

Prends l’habitude de penser que la mort n’est rien pour nous. Car tout bien et tout mal résident dans la sensation : or la mort est privation de toute sensibilité. Par conséquent, la connaissance de cette vérité que la mort n’est rien pour nous, nous rend capables de jouir de cette vie mortelle, non pas en y ajoutant la perspective d’une durée infinie, mais en nous enlevant le désir de l’immortalité.(…) Ainsi celui de tous les maux qui nous donne le plus d’horreur, la mort, n’est rien pour nous, puisque, tant que nous existons nous-mêmes, la mort n’est pas, et que, quand la mort existe, nous ne sommes plus. Donc la mort n’existe ni pour les vivants ni pour les morts, puisqu’elle n’a rien à faire avec les premiers, et que les seconds ne sont plus. Mais la multitude tantôt fuit la mort comme le pire des maux, tantôt l’appelle comme le terme des maux de la vie. Le sage, au contraire, ne fait pas fi de la vie et il n’a pas peur non plus de ne plus vivre : car la vie ne lui est pas à charge, et il n’estime pas non plus qu’il y ait le moindre mal à ne plus vivre. De même que ce n’est pas toujours la nourriture la plus abondante que nous préférons, mais parfois la plus agréable, pareillement ce n’est pas toujours la plus longue durée qu’on vent recueillir, mais la plus agréable. Quant à ceux qui conseillent aux jeunes gens de bien vivre et aux vieillards de bien finir, leur conseil est dépourvu de sens, non seulement parce que la vie a du bon même pour le vieillard, mais parce que le soin de bien vivre et celui de bien mourir ne font qu’un.

Texte  Epictète

Il y a ce qui dépend de nous, il y a ce qui ne dépend pas de nous. Dépendent de nous l’opinion, la tendance, le désir, l’aversion, en un mot toutes nos oeuvres propres ; ne dépendent pas de nous le corps, la richesse, les témoignages de considération, les hautes charges, en un mot toutes les choses qui ne sont pas nos oeuvres propres. Les choses qui dépendent de nous sont naturellement libres, sans empêchement, sans entrave ; celles qui ne dépendent pas de nous sont fragiles, serves*, facilement empêchées, propres à autrui. Rappelle-toi donc ceci : si tu prends pour libres les choses naturellement serves, pour propres à toi-même les choses propres à autrui, tu connaîtras l’entrave, l’affliction, le trouble, tu accuseras dieux et hommes ;mais si tu prends pour tien seulement ce qui est tien, pour propre à autrui ce qui est, de fait, propre à autrui, personne ne te contraindra jamais ni ne t’empêchera, tu n’adresseras à personne accusation ni reproche, ni ne feras absolument rien contre ton gré, personne ne te nuira ; tu n’auras pas d’ennemi ; car tu ne souffriras aucun dommage.  Toi donc qui poursuis de si grands biens, rappelle-toi qu’il faut, pour les saisir, te remuer sans compter, renoncer complètement à certaines choses, et en différer d’autres pour le moment. Si, à ces biens, tu veux joindre la puissance et la richesse, tu risques d’abord de manquer même celles-ci, pour avoir poursuivi ceux-là, et de toute façon tu manqueras assurément les biens qui seuls procurent liberté et bonheur. Aussi, à propos de toute idée pénible, prends soin de dire aussitôt : « Tu es une idée, et non pas exactement ce que tu représentes. » Ensuite, examine-la, éprouve-la, examine-la selon les règles que tu possèdes, et surtout selon la première, à savoir : concerne-t-elle les choses qui dépendent de nous ou celles qui ne dépendent pas de nous ? Et si elle concerne l’une des choses qui ne dépendent pas de nous, que la réponse soit prête : « Voilà qui n’est rien pour moi. »

Épictète, Manuel I 

LE STOICISME ET L’EPICURISME :

Similitudes et différences : Le but de ces deux philosophies est le bonheur, la sérénité, la tranquillité de l’âme.

Le bonheur est-il la satisfaction de tous les désirs? Platon, Gorgias

Platon, disciple de Socrate, se détourne de sa carrière politique à la mort de son maitre. Pour lui, le monde sensible est faux et laid. Seul le monde intelligible, celui des Idées, mérite notre attention.  Platon dans le Gorgias utilise  le dialogue, comme dans la plupart de ses œuvres.

Dans ce dialogue extrait du Gorgias, Platon fait dialoguer Calliclès et Socrate qui s’opposent sur la conception du bonheur… C’est évidemment le point de vue de Socrate que défend Platon.

CALLICLÈS  – si on veut vivre comme il faut, il faut laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, au lieu de les réprimer. Au contraire, il faut être capable de mettre son courage et son intelligence au service de si grandes passions  et de les assouvir, elles et tous les désirs qui les accompagnent. Mais cela n’est pas, je suppose, à la portée de tout  le monde. C’est pourquoi la masse des gens blâme les hommes qui vivent ainsi, gênée qu’elle est de devoir dissimuler sa propre incapacité à le faire. La masse déclare donc bien haut que l’intempérance est une vilaine chose.  C’est ainsi qu’elle réduit à l’état d’esclave les hommes dotés d’une plus forte nature que celle des hommes de la masse ; et ces derniers, qui sont eux-mêmes incapables de se procurer les plaisirs qui les combleraient, font la louange de la tempérance et de la justice à cause de leur propre lâcheté. Car pour ceux qui ont hérité du pouvoir ou qui sont dans la capacité de s’en emparer (…), pour ces hommes-là, qu’est-ce qui serait plus mauvais que la tempérance ? ce sont des hommes qui peuvent jouir de leurs biens, sans que personne n’y fasse obstacle (…) La vérité, que tu prétends chercher, Socrate, la voici : si la vie facile, l’intempérance, et la liberté de faire ce qu’on veut, demeurent dans l’impunité, ils font l’excellence et le bonheur. Tout le reste, ce ne sont que de belles idées, des conventions faites par les hommes et contraires à la nature, rien que des paroles en l’air, qui ne valent rien.                                                                                          

SOCRATE — Ce n’est pas sans noblesse, Calliclès, que tu as exposé ton point de vue, tu as parlé franchement. Toi, en effet, tu as exposé clairement ce que les autres pensent  mais ne veulent pas dire. Je te demande donc de ne céder à rien, en aucun cas ! Comme cela, le genre de vie qu’on doit avoir paraîtra tout à fait évident. Alors expliques-moi : tu dis que, si l’on veut vivre tel qu’on est, il ne faut  pas réprimer ses passions, aussi grandes soient-telles, mais se tenir prêt à les assouvir par tous les moyens. Est-ce bien en cela que consiste [le bonheur et] l’excellence ?                                

CALLICLÈS-  Oui, je l’affirme !                                                                                                                                                                              

SOCRATE-  On a donc tort de dire que ceux qui n’ont besoin de rien sont heureux.                                                        

CALLICLÈS-  Oui, car, à ce compte, les pierres et les cadavres seraient très heureux.                                                               

SOCRATE  -Mais, tout de même, la vie dont tu parles, c’est une vie terrible ! 

(…) D’ailleurs, un sage  fait remarquer que, de tous les êtres qui habitent l’Hadès, le monde des morts, -là il veut parler du monde invisible- les plus malheureux seraient ceux qui, n’ayant pu être initiés, devraient à l’aide d’une écumoire apporter de l’eau dans une passoire percée. Avec cette écumoire, tou­jours d’après ce que disait l’homme qui m’a raconté tout cela, c’est l’âme que ce sage voulait désigner.  Oui, il comparait l’âme de ces hommes à une écumoire, l’âme des êtres irréfléchis est donc comme une passoire, incapable de rien retenir à cause de son absence de foi et de sa capacité d’oubli.

Ce que je viens de te dire est, sans doute, assez étrange; mais, pourtant, cela montre bien ce que je cherche à te faire comprendre. Je veux te convaincre, pour autant que j’en sois capable, de changer d’avis et de choisir, au lieu d’une vie déréglée, que rien ne comble, une vie d’ordre, qui est contente de ce qu’elle a et qui s’en satisfait.

Platon, Gorgias

Le bonheur, un idéal de l’imagination - Le christianisme et le kantisme - Le bonheur kantien est l’aboutissement historique du christianisme.

Le bonheur, un idéal de l’imagination

Nous devons pour répondre à la question, poser les difficultés pour définir ce concept de bonheur. Il n’y a pas de définition universelle possible car il n’est pas valable pour tous de la même façon. La définition est donc relative . Il échappe à la simple volonté. Pour Kant, c’est un idéal non de la raison mais de l’imagination donc il est impossible de le poser comme fin d’une action morale. Il est en conséquence impossible d’être heureux sans être vertueux et vertueux en étant malheureux. L’action morale n’est pas celle qui rend l’homme heureux mais celle qui le rend digne de l’être.

“[…] le malheur est que le concept* du bonheur soit un concept tellement indéterminé’ que, même si tout homme désire d’être heureux, nul ne peut jamais dire pourtant avec précision et en restant cohérent avec soi-même ce que vraiment il souhaite et veut. […]

[…] S’il veut la richesse, combien de soucis, quelle envie et que d’embûches ne risque-t-il pas d’attirer ainsi sur sa tête! S’il veut beaucoup de connaissances et de discernement, peut-être cela ne pourra-t-il que se transformer en un regard d’autant plus aiguisé pour lui montrer d’une façon seulement d’autant plus effrayante les maux qui jusqu’ici restent encore dissimulés à ses yeux et qui ne sauraient pourtant être évités, à moins que cela ne fasse que charger d’encore plus de besoins ses désirs, qu’il a déjà bien assez de difficulté à satisfaire. S’il veut une longue vie, qui va lui soutenir que ce ne serait pas là une longue misère ? S’il veut du moins la santé, combien de fois les ennuis physiques l’ont-ils préservé d’excès où l’aurait fait tomber une pleine santé, etc. Bref, il est incapable de déterminer selon un principe’ avec une complète certitude ce qui le rendrait vraiment heureux, — car pour cela l’omniscience serait indispensable. […J le bonheur est un idéal, non pas de la raison*, mais de l’imagination”.

Emmanuel KANT, Métaphysique des moeurs, t. I, Fondation (1785) 

Le christianisme et le kantisme

le christianisme condamne le bonheur et pose le salut de l’âme comme la seule fin digne d’un chrétien . St Just pose le bonheur comme un droit par opposition au christianisme . St Just considère que tous les hommes doivent être délivrés du besoin afin que chacun puisse rechercher son bonheur. C’est une exigence de justice que l’état doit satisfaire. Il s’agit de confier à l’état la charge du bonheur de chacun à travers la définition d’un bonheur commun : est-ce une utopie?

Avec le christianisme , l’idée grecque d’un bonheur assuré par la rationalité de l’action selon la juste mesure est éliminée; le bonheur n’est pas de ce monde; il faut s’occuper du salut de l’âme et non du bonheur concret de l’homme. L’homme ne tire pas le bonheur de lui-même mais d’une force en lui : la grâce divine . L’idéal chrétien ne recherche pas les impératifs du bonheur mais en fait une espérance, c’est le royaume des cieux.

Le bonheur kantien est l’aboutissement historique du christianisme.

Le bonheur est l’état dans le monde d’un être raisonnable à qui dans le cours de son existence, tout arrive selon son souhait et sa volonté. La moralité de nos actions ne peut consister en ce qu’elles nous procurent le bonheur. La diversité des mobiles est telle qu’il n’y aurait pas de loi morale. Pour cette raison , la moralité est indépendante des fins empiriques de l’action. A l’inverse, le bonheur ne peut pas découler de la moralité de nos actions, c’est-à-dire, de notre vertu puisque celle-ci ne consistant pas à vouloir quelque fin déterminée mais agis par respect de la loi morale, elle n’a aucun rapport nécessaire avec le bonheur dont la réalisation suppose qu’on agisse d’après la connaissance des lois naturelles. La seule possibilité de lier vertu et bonheur consiste à supposer l’immortalité de l’âme, l’existence de Dieu et un monde intelligible., il nous faut poser le royaume de Dieu dans lequel la sagesse divine rend possible l’harmonie de la volonté et de l’ordre des choses. Cela fait du bonheur la conséquence de la vertu.

La morale n’est pas la discipline qui nous enseigne comment être heureux mais comment nous devons nous rendre dignes du bonheur. Le point commun entre le kantisme et le christianisme est le suivant :

Ils font du bonheur une valeur morale

L'homme a le droit au bonheur, Déclaration d’indépendance des Etats-Unis d’Amérique, 1776

Nous tenons pour évidentes par elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. Toutes les fois qu’une forme de gouvernement devient destructive de ce but, le peuple a le droit de la changer ou de l’abolir et d’établir un nouveau gouvernement, en le fondant sur les principes et en l’organisant en la forme qui lui paraîtront les plus propres à lui donner la sûreté et le bonheur.

Déclaration d’indépendance des Etats-Unis d’Amérique, 1776

Mais le bonheur n'est pas la seule valeur - Jean Anouilh, Antigone, 1944

ANTIGONE, doucement : – Quel sera-t-il, mon bonheur ? Quelle femme heureuse deviendra-t-elle, la petite Antigone ? Quelles pauvretés faudra-t-il qu’elle fasse elle aussi, jour par jour, pour arracher avec ses dents sont petit lambeau de bonheur ? Dites, à qui devra-t-elle mentir, à qui sourire, à qui se vendre ? Qui devra-t-elle laisser mourir en détournant le regard ?

CRÉON hausse les épaules : – Tu es folle, tais-toi.

ANTIGONE : – Non, je ne me tairai pas. Je veux savoir comment je m’y prendrai, moi aussi, pour être heureuse. Tout de suite, puisque c’est tout de suite qu’il faut choisir. Vous dites que c’est si beau la vie. Je veux savoir comment je m’y prendrai pour vivre.

CRÉON : – Tu aimes Hémon ?

ANTIGONE : – Oui, j’aime Hémon. J’aime un Hémon dur et jeune ; un Hémon exigeant et fidèle, comme moi. Mais […] s’il doit devenir près de moi le monsieur Hémon, s’il doit apprendre à dire « oui », lui aussi, je n’aime plus Hémon !

CRÉON : – Tu ne sais plus ce que tu dis. Tais-toi.

ANTIGONE : – Si, je sais ce que je dis, mais c’est vous qui ne m’entendez plus. Je vous parle de trop loin maintenant, d’un royaume où vous ne pouvez plus entrer avec vos rides, votre sagesse, votre ventre. (Elle rit.) Ah ! je ris, Créon, je ris parce que je te vois à quinze ans, tout d’un coup ! C’est le même air d’impuissance et de croire qu’on peut tout. La vie t’a seulement ajouté tous ces petits plis sur le visage et cette graisse autour de toi.

CRÉON la secoue : – Te tairas-tu, enfin ?

ANTIGONE : – Pourquoi veux-tu me faire taire ? Parce que je sais que j’ai raison ? Tu crois que je ne lis pas dans tes yeux que tu le sais ? Tu sais que j’ai raison, mais tu ne l’avoueras jamais parce que tu es en train de défendre ton bonheur en ce moment comme un os.

CRÉON : – Le tien et le mien, oui, imbécile !

ANTIGONE : – Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu’il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu’ils trouvent.

Jean Anouilh, Antigone, 1944

Avec ses théories sur l’inconscient, Freud montre que l’homme «n’est pas maître en sa propre maison»

La découverte de l'insconscient 

Ce qu’on nomme bonheur, au sens le plus strict, résulte d’une satisfaction plutôt soudaine des besoins ayant atteint une haute tension, et n’est possible de par sa nature que sous forme de phénomène épisodique. Toute persistance d’une situation qu’a fait désirer le principe de plaisir* n’engendre qu’un bien-être assez tiède ; nous sommes ainsi faits que seul le contraste est capable de nous dispenser une jouissance intense, alors que l’état en lui-même ne nous en procure que très peu. Ainsi nos facultés de bonheur sont déjà limitées par notre constitution. Or, il nous est beaucoup moins difficile de faire l’expérience du malheur. La souffrance nous menace de trois côtés : dans notre propre corps qui, destiné à la déchéance et à la dissolution, ne peut même se passer de ces signaux d’alarme que constituent la douleur et l’angoisse ; du côté du monde extérieur, lequel dispose de forces invincibles et inexorables pour s’acharner contre nous et nous anéantir ; la troisième menace enfin provient de nos rapports avec les autres êtres humains. La souffrance issue de cette source nous est plus dure peut-être que tout autre ; nous sommes enclins à la considérer comme un accessoire en quelque sorte superflu, bien qu’elle n’appartienne pas moins à notre sort et soit aussi inévitable que celle dont l’origine est autre.

Sigmund FREUD , Le Malaise dans la culture (1930) 

Nietzsche, le devenir éternel. Vivre chaque instant de notre vie avec l’idée suivante : accepterais-je de le revivre ?

Admettons que nous soyons destinés à revivre éternellement ce que nous vivons aujourd’hui: que penserions-nous de cette perspective? De notre réponse dépendra  notre présent. « Et si un jour ou une nuit, un démon se glissait furtivement dans ta plus solitaire solitude et te disait: «Cette vie, telle que tu la vis et l’a vécue, il te faudra la vivre encore une fois et encore d’innombrables fois; et elle ne comportera rien de nouveau, au contraire, chaque douleur et chaque  plaisir et chaque pensée et soupir et tout ce qu’il y a dans ta vie d’indiciblement petit et grand doit pour toi revenir, et tout suivant la même succession et le même enchaînement – et également cette araignée et ce clair de lune entre les arbres, et également cet instant et moi-même. Un éternel sablier de l’existence est sans cesse renversé, et toi avec lui, poussière des  poussières! » – Ne te jetterais-tu pas par terre en grinçant des dents et en maudissant le démon qui parla ainsi ? Ou bien as-tu vécu une fois un instant formidable où tu lui répondrais: « Tu es un dieu et jamais je n’entendis rien de plus divin!» Si cette pensée s’emparait de toi, elle te métamorphoserait, toi, tel que tu es, et, peut-être, t’écraserait; la question, posée à  propos de tout et de chaque chose, «veux-tu ceci encore une fois et encore d’innombrables fois?» ferait peser sur ton agir le poids le plus lourd! Ou combien te faudrait-il aimer et toi-même et la vie pour ne plus aspirer à rien d’autre qu’à donner cette approbation et apposer ce sceau ultime et éternel ?

  Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir

Citations sur le thème du bonheur pour un devoir type bac

Spinoza : « ? il n’ est pas de plus grand bonheur que de comprendre et de penser ? »

St Just : « ? le bonheur est une idée neuve ? »

Descartes : « ? il faut changer ses désirs plutôt que l’ ordre du monde ? »

Aristote : « ? le propre de l’ homme est l ’ activité de l ’ âme en conformité avec la vertu ? »

Épicure « ? la plaisir est la fin de la vie ? ».

Leibniz :“ Notre bonheur ne consistera jamais dans une pleine jouissance, où il n’y aurait plus rien à désirer; mais dans un progrès perpétuel à de nouveaux plaisirs et de nouvelles perfections ”

Sujets corrigés bac 

Peut-on être heureux sans être libre.

Le bonheur prime t’-il sur la liberté? L’homme peut préférer sa liberté au bonheur qui peut aussi en être la condition de possibilité. Les hommes veulent tous atteindre le bonheur, la liberté et le bonheur sont deux concepts difficiles à définir.

Peut-on être heureux sans être libre? Il semblerait que la liberté soit la condition de possibilité du bonheur.

1.Etre libre n'est pas vivre selon ses désirs. Le bonheur est absence de trouble

Selon Aristote, Épicure et les stoiciens, le bonheur est durable; il n’est pas dissociable d’une vie vertueuse fondée sur la raison;La raison est le propre de l’homme, elle doit guider ses choix.

Une vie heureuse serait par conséquent une vie conforme à la raison.

Pour Épicure, il faut régler ses désirs sur la nature. Pour les stoiciens, l’homme doit accepter l’ordre du monde. Le bonheur est une absence de

trouble. Pour Aristote, le bonheur est l’activité et la vertu propres à chaque être. Celle de l’homme est de penser; une vie heureuse est une vie pleinement humaine c’est-à-dire, délivrée du besoin et tournée vers l’intelligence.

L’eudémonisme d’Épicure et des stoiciens est plus subjectif; le bonheur est la possession des biens mais il ne dépend pas de nous de les posséder. C’est pourquoi le stoïcisme conseille de vouloir ce qui arrive. Seul le sage est heureux, c’est un épicurien car il sait régler ses désirs. «??Il faut changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde??», est la citation qui illustre le mieux la conception épicurienne du bonheur. Ne désirant que ce qu’il peut obtenir, l’homme ne manque pas d’obtenir ce qui désire.

II - Il est nécessaire d'être libre pour être heureux à condition que nous soyons maître de nous-même

L'homme peut-il être heureux en étant asservi? Privé de sa liberté, l'homme se voit démuni, défait de son humanité, privé de essence. Un prisonnier réduit à vivre sa condition ne peut ressentir le bonheur, le goût pour la vie dont il a été privé. Sans liberté, pas de bonheur possible. L'homme ne peut s'accomplir et réaliser son essence d'homme qu' en exercant sa liberté de choix.

Le bonheur prime t’-il sur la liberté? L’homme peut préférer sa liberté au bonheur qui peut aussi en être la condition de possibilité.

Sartre : Les Justes : l’idéologie peut-être notre raison de vivre, notre liberté au combat et pour l’idée : vivre libre ou mourir; Préférer rester fidèle en acte de nos convictions politiques et idéologiques. Préférer la mort au renoncement à ses idées.

Si la liberté est un moyen d’atteindre le bonheur, les conséquences nous éclairent sur la question :

Le travail devient un moyen d’atteindre le bonheur car il sert à être heureux

Il en va de même pour les valeurs morales : ne pas tuer autrui par exemple, aider son prochain : la solidarité, le partage l’entraide sont des valeurs valorisantes pour l’homme en quête de reconnaissance et d’accomplissement : il y a de l’épanouissement et du bien-être de l’homme.

La liberté devient un moyen d’être heureux

Pour trouver le bonheur, faut-il le rechercher ?

Les distinctions conceptuelles qu'il nous faudra travailler et développer dans notre dissertation :

Vivre / et Bien-vivre (Aristote)

Bonheur (durable) / plaisir (sur l'instant)

Besoins / désirs

Il serait intéressant d'analyser le terme « faut-il » qui renvoie à une nécessité, une exigence.

Le questionnement  s'organise donc autour de la relation entre l'Homme et le Bonheur.

Reformulation du sujet :

Pouvons-nous trouver le bonheur sans l'avoir cherché ?

Pour être heureux, doit-on rechercher le bonheur ?

Problématisation:

Le sujet de la dissertation interroge  le fait qu'il faille rechercher le bonheur pour le trouver . Cela questionne aussi l'élan de l'Homme dans sa recherche du bonheur. Il soulève les questions suivantes :

Est-il nécessaire de rechercher le bonheur pour être heureux ?

Est-on obligé de rechercher le bonheur pour l'avoir ?

Plan possible : Pour trouver le bonheur, faut-il le rechercher ?

I. La recherche du bonheur est propre à la vie Humaine

A. Les animaux connaissent l'agréable et le douloureux mais pas le bien et le mal. Alors que l'Homme est un être politique qui se fédère en Cité autour de valeurs comme le bien et le Mal , le juste et l'injuste . La fin de toute cité est le Bonheur comme la fin ultime de toutes les actions de l'Homme est le Bonheur. Ainsi nous pouvons dire que toute la vie de l'Homme a comme but la recherche du bonheur.

B. Pour la philosophie le « Souverain Bien » se travaille Les Stoïciens, pour trouver le bonheur, il faut atteindre la paix de l'âme ou « ataraxie »

II. Trouver le Bonheur, un travail sur ses désirs

A. L'Homme est un être de désirs. Le caractère illimité du désir fait qu'il est un obstacle pour le bonheur car il laisse l'Homme dans un état constant d'insatisfaction et de manque. Ainsi pour trouver le bonheur il est nécessaire de chercher à les maîtriser.

B. Par exemple, chez les Epicuriens, pour trouver le bonheur il faut satisfaire seulement ses désirs essentiels.

III. Le Bonheur est inatteignable mais...

A. Le Bonheur est inatteignable car nous sommes des êtres de désirs et nos désirs sont illimités. Platon l'illustre avec l'exemple du tonneau percé

B. Cependant, il faut distinguer plaisir et joie. La joie est un état durable. C'est selon Bergson, une création de soi par soi.

Peut-on être heureux en étant injuste ?

Définitions : 

"heureux" : le bonheur est un état de satisfaction prolongée, ce qui le distingue du plaisir, simplement momentané.

"injuste" : qui commet des injustices envers les autres.

"pouvoir" : possibilité accidentelle ou possibilité essentielle ?

Problématique : Est-il possible dans les faits d'être heureux tout en contrvenant à la loi, ou bien le bonheur nécessite-t-il le respect de la loi morale ?

I L'inquiétude résultant de l'infraction à la loi empêche le sujet d'être heureux.

A) Difficulté à s'accorder sur une définition de ce qu'est être injuste. Celle qui semble être la plus objectivement déterminable c'est l'infraction de la loi de son pays.

B) Or, l'infraction à la loi de son pays met le sujet au devant de sanctions. Le droit qui fonde l'institution judiciaire est en effet par essence contraignant. Cf Kelsen, Théorie pure du droit. La peur de la sanction empêche les hommes d'être heureux.

II Il est possible d'être heureux bien que l'on commette des actions injustes.

A) Le bonheur ne peut être défini comme la seule absence de sanctions extérieures, il doit posséder un contenu positif. Satisfaire ses désirs semble être un moyen d'accéder au bonheur.

B) Or, être injuste permettant de satisfaire ses désirs sans prendre garde à autrui qui pourrait limiter la satisfaction des désirs. Cf Calliclès dans le Gorgias de Platon.

III Seul la recherche de l'action juste mène nécessairement au bonheur. 

A) La satisfaction des désirs est elle-même infinie et ne peut pas conduire au bonheur. Le désir est toujours ou bien manqué ou bien nous étouffe. Cf Sénèque

B) La raison ne peut se contenter d'une voie d'accès accidentelle au bonheur. Seul la recherche de l'action juste permet une nécessité du bonheur, grâce à la satisfaction du respect de la loi morale. Cf Kant, Critique de la raison pratique.

L'Enracinement une philosophie morale et politique. L'Enracinement Simone Weil

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Date de dernière mise à jour : 01/08/2023

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Commentaire / Dissertation

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Dissertation : “Faut-il préférer le bonheur à la vérité ?”

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Sujets de philosophie sur Le bonheur

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Sujets de réflexions philosophiques : Le bonheur

mis à jour le 29/08/2008

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Cette ressource propose quelques sujets de réflexions et de dissertations philosophiques sur le thème du bonheur.

mots clés : philosophie , morale , bonheur

Le bonheur :

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IDDN

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux, Terminale

type pédagogique : sujet d'examen

public visé : non précisé, élève

contexte d'usage : non précisé

référence aux programmes : philosophie, morale, bonheur

ressource(s) principale(s)

03/12/2008
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Le bonheur – Programme de philosophie – Terminale

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Bienvenue dans cette vidéo, dans laquelle je vais vous présenter la notion de bonheur qui est une des dix-sept notions du programme de philosophie terminale.

Je vais d’abord faire un point sur la définition du bonheur et les principaux termes proches dont il faut le distinguer. Puis, je vais passer en revue quelques grandes questions possibles sur le bonheur. 

On peut définir le bonheur comme un état de satisfaction durable et global.

Cet état de satisfaction durable sera à différencier du plaisir qui est un état de satisfaction éphémère. Par exemple, si vous mangez du chocolat, cela peut vous faire plaisir, mais ça n’est pas cela qui va vous apporter le bonheur au sens strict.

De même, on peut distinguer le bonheur de la joie, car la joie est plutôt un état de satisfaction intense et éphémère. La joie c’est par exemple l’état dans lequel vous êtes quand vous réussissez un examen difficile. Cette explosion de joie est intense et heureusement éphémère car vous seriez très vite totalement épuisé.

Une fois ces bases posées, quels sont les grands problèmes philosophiques qui peuvent être posés sur le bonheur ? Je vais vous en donner quelques uns parmi les plus importants.

– Premier sujet : Faut-il satisfaire tous ses désirs pour être heureux ?

La notion de bonheur est souvent liée à celle du désir car on peut communément penser que satisfaire tous nos désirs va nous permettre d’atteindre le bonheur. En d’autres termes, être heureux ce serait satisfaire ses désirs. Le personnage de Calliclès dans le Gorgias de Platon défend ainsi que pour être heureux il faut désirer beaucoup et chercher à satisfaire tous ses désirs car c’est ainsi que l’on se sent vivant.

A cela Socrate répond que l’on se comporte alors comme un tonneau percé c’est-à-dire que dès que l’on a satisfait un désir, un nouveau apparaît et ainsi de suite. Or, le désir est un manque, tant que nous ne l’avons pas satisfait il nous fait souffrir et comme le désir renaît sans cesse, Alors on peut se demander s’il faut vraiment désirer beaucoup et chercher à satisfaire tous ses désirs pour être heureux.

– Deuxième sujet : Le bonheur est-il un idéal inaccessible ?

En effet, le bonheur si on le définit comme un état de satisfaction durable et global semble être plutôt difficile à atteindre. On peut alors raisonnablement se demander si cet état est véritablement accessible.

Sur cette question, Kant répondra par exemple que le bonheur est bien inaccessible car c’est une idée qui relève de notre imagination et qui est pour cette raison souvent vague et imprécise. Nous avons une vague idée de ce qui nous rendra heureux, mais aucune définition claire et surtout aucune méthode pour y arriver. C’est pourquoi Kant a tendance à considérer le bonheur comme inaccessible.

Néanmoins, on pourrait lui opposer des auteurs, comme Epicure ou encore Epictète qui envisagent justement comment nous pourrions rationnellement modifier nos pensées et nos comportements pour être plus heureux.

–  Troisième sujet : Le bonheur dépend-il de nous ?

Une question classique sur le bonheur consiste en effet à s’interroger sur l’impact réel que nos choix et actions peuvent avoir sur notre bonheur. Faut-il penser comme le suggère l’étymologie que le bonheur est plutôt une question de chance ? Et que finalement nous avons peu d’impact sur notre bonheur car il dépend plutôt d’événements extérieurs. Ou bien peut-on défendre comme le fait Epicure, que nous pouvons appliquer une méthode rationnelle pour être heureux ? Il s’agirait notamment, selon lui, de classer nos désirs afin de nous défaire des désirs nuisibles pour ne garder que les plus simples et sains. Je vous renvoie sur cette question à cette vidéo sur Epicure et le bonheur.

– Quatrième sujet : Le bonheur est-il le bien suprême ?

En effet, on peut penser que le bonheur est ce que chacun recherche le plus. Pourtant cela ne va pas tout à fait de soi en réalité. N’y a t -il pas des choses auxquelles nous allons donner plus de valeur que le bonheur ? Par exemple ne peut-on par dire que s’il faut choisir entre être heureux et être libre, nous préférons être libre ? 

Plus encore ne peut-on pas donner davantage d’importance au devoir moral qu’au bonheur ? Si bien que si notre devoir devait s’opposer à notre bonheur, nous choisirions de faire quand même notre devoir.

On peut sur cette question prendre l’exemple de la thèse de John Stuart Mill qui dit « Il vaut mieux être Socrate insatisfait qu’un imbécile satisfait ». John Stuart Mill défend, en effet, que même s’il est plus difficile d’être heureux quand on est un être doté de facultés supérieures, aucun être supérieur ne consentirait pour autant à être changé en un être moins intelligent pour être plus heureux. Par exemple, un étudiant en philosophie trouvant de grandes satisfactions dans les lectures parfois difficiles et la découverte de philosophes n’acceptera jamais d’être changé en vache s’il est admis qu’une vache atteint le bonheur beaucoup plus facilement en broutant de l’herbe. 

De même, et pour prendre un autre exemple, un être humain doté d’une grande conscience morale qui se désespère de la destruction de la nature et des espèces animal, n’acceptera pas d’être changé en climato-sceptique juste parce que cela lui permettrait d’être plus heureux.

Le bonheur est-il alors vraiment ce que nous recherchons le plus ?

Voilà pour cette vidéo, j’espère qu’elle vous permettra de mieux cerner les grandes questions que vous allez rencontré sur la notion de bonheur et le programme de philosophie terminale. Si vous voulez davantage de contenu sur la notion de bonheur, n’hésitez pas à vous rendre sur mon blog apprendre la philosophie.

Pour une présentation de l’ensemble du programme de philosophie terminale vous pouvez consulter cet article . Je présente également les autres notions du programme sur ma chaîne Youtube.

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Bonjour, je sais pas comment réviser le bac de philosophie car je n’ai pas de prof.

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La conscience fait-elle obstacle au bonheur ?

Amérique du Nord 2022 • Dissertation

Sprint final

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Amérique du Nord • Mai 2022

La conscience fait-elle obstacle au bonheur ?

dissertation

4 heures

Intérêt du sujet • Ce sujet classique confronte la « conscience », que nous possédons, au « bonheur », que nous recherchons : ce qui nous définit comme êtres humains nous empêche-t-il d’atteindre ce qui donne sens à notre vie ?

Les clés du sujet

Définir les termes du sujet.

Du latin cum scientia (« avec science »), la conscience est de façon générale associée à un savoir (perception du monde, connaissance de soi) : c’est d’abord la lucidité sur ce qu’on est et ce qu’on peut espérer.

La conscience morale impose des limites à nos actions et la conscience du temps peut empêcher de goûter l’instant présent.

Faire obstacle

Faire obstacle, c’est constituer un empêchement : rendre impossible ou du moins difficile, mettre des bornes, poser une limite, interdire, détourner, décourager.

Du latin bonum augurium , le bonheur est un objectif soumis à beaucoup d’aléas, comme le connote le mot heur (« sort », « chance », « fortune ») en français classique.

S’il est difficile d’en définir concrètement les conditions, le bonheur est représenté comme un idéal offrant la plénitude d’une satisfaction durable, intense et variée.

Dégager la problématique

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Construire un plan

Tableau de 3 lignes, 2 colonnes ;Corps du tableau de 3 lignes ;Ligne 1 : 1. La conscience morale est un obstacle au bonheur; Exemple du remords : la « mauvaise conscience » est un obstacle d’autant plus puissant qu’il est intérieur.La conscience morale impose de relativiser la quête du bonheur et de la subordonner au respect du devoir.; Ligne 2 : 2. La conscience nous expose au malheur; La conscience nous montre notre finitude : l’homme est essentiellement malheureux et inquiet.Notre fardeau le plus terrible est la conscience du temps : poids de la mémoire, anticipation de la mort.; Ligne 3 : 3. Le bonheur est propre à l’être conscient; Le bonheur n’est pas la satisfaction : le sentiment de notre dignité compte davantage que le plaisir.Devenir plus conscients nous rend plus forts, plus autonomes et donc potentiellement plus heureux.;

Les titres en couleurs et les indications entre crochets servent à guider la lecture mais ne doivent en aucun cas figurer sur la copie.

Introduction

[Reformulation du sujet] Le sort dresse parfois des embûches sur le chemin que nous essayons d’emprunter pour parvenir au bonheur. Mais il existe peut-être aussi un empêchement plus fondamental qui fait de ce chemin une impasse : la conscience fait-elle obstacle au bonheur ? [Définition des termes du sujet] Nous rêvons d’une satisfaction pleine et entière, suffisamment durable, intense et variée. Mais en offrant une connaissance du monde et de soi, la conscience nous rend lucides sur nos limites et sur ce que nous pouvons espérer. [Problématique] Le fait de distinguer le bien et le mal, de constater notre fragilité et le temps qui passe ne réduit-il pas considérablement nos perspectives de bonheur ? Ou bien doit-on au contraire chercher dans le renforcement de la conscience la voie d’une vie humaine parfaitement accomplie ? [Annonce du plan] Nous commencerons par voir en quoi le fait d’être conscients de nos devoirs entrave la quête du bonheur, puis pourquoi la conscience fait de l’homme un être inquiet. Nous verrons enfin qu’un bonheur véritable est lié au renforcement de la conscience.

1. La conscience morale est un obstacle au bonheur

A. l’obstacle intérieur de la mauvaise conscience.

La conscience morale nous rend attentifs à des valeurs relatives au bien et au mal, et nous impose de conformer notre conduite à certaines normes. Dans le cas contraire, on s’expose au blâme des autres – ce qui n’est pas le meilleur calcul pour être heureux – mais aussi et surtout au remords , ce tourment qui nous ronge lorsqu’on a « mauvaise conscience ».

Du latin remordere , le remords signifie littéralement la morsure renouvelée, voire incessante de la conscience.

Pour Aristote, dans l’ Éthique à Nicomaque , un homme méchant ne peut pas être heureux, car une partie de son âme accuse l’autre partie et le déchire au point de le rendre ennemi de lui-même . La conscience est un juge sévère qui empêche de goûter le bonheur acquis de mauvaise façon : l’obstacle est insurmontable précisément parce qu’il est intérieur.

B. La subordination du bonheur au devoir

Il nous faut relativiser l’importance du bonheur et considérer d’abord le respect du devoir . Certaines voies vers le bonheur nous sont interdites lorsque les satisfactions visées sont égoïstes ou dégradantes, pour notre personne ou celle des autres. Kant dit que l’ impératif moral est « catégorique » : il constitue une limite indiscutable que nous posons nous-mêmes à nos actions.

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« Agis de telle manière que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, jamais simplement comme un moyen » (Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs ).

La recherche du bonheur doit être subordonnée au respect du devoir. Cela ne signifie pas que l’une et l’autre soient incompatibles, puisque le fait d’avoir bien agi produit un contentement qui est, selon Kant, un « analogue du bonheur ». Mais « bonheur » et « vertu » sont souvent difficiles à concilier .

Le secret de fabrication

Illustrez le propos par un exemple : dans Les Misérables de Victor Hugo, Jean Valjean renonce à son bonheur et se livre à la police pour éviter qu’un sosie soit envoyé au bagne à sa place.

[Transition] La conscience morale fait obstacle à la recherche du bonheur, car elle lui impose des limites et prive l’individu qui les transgresse d’une satisfaction entière. Faut-il aller plus loin et dire que la conscience nous expose au malheur ?

2. La conscience nous expose au malheur

A. conscience et finitude.

Le regard qu’un être conscient porte sur lui-même est valorisant : comme on l’a observé, penser fait la grandeur de l’homme. Mais la pensée nous dévoile aussi notre finitude  : « la grandeur de l’homme est grande en ce qu’ il se connaît misérable  », note amèrement Pascal dans ses Pensées .

La finitude est le caractère de ce qui est fini, au sens de limité. On emploie le terme pour qualifier la condition humaine, habitée par la conscience du temps et de la mort.

Selon Schopenhauer , cette limitation fait de l’humain un être essentiellement malheureux , habité par un manque qui ne lui laisse que quelques rares moments de répit. Conscience rime avec souffrance. Comme il l’indique dans Le Monde comme volonté et comme représentation , « l’inquiétude d’une volonté toujours exigeante, sous quelque forme qu’elle se manifeste, emplit et trouble sans cesse la conscience : or sans repos le véritable bonheur est impossible ».

B. L’existence humaine alourdie par le temps

La conscience du temps est décrite par Nietzsche comme un fardeau. À l’inverse de l’animal attaché au « piquet de l’instant », l’être humain est privé d’une légèreté dans laquelle il voit confusément le secret du bonheur. En proie à la nostalgie, aux regrets ou à la mélancolie, il subit son passé  : la mémoire est avantageuse pour la connaissance, mais pas pour le bonheur.

La conscience ouvre aussi à l’avenir . Elle est « soucieuse », car nous anticipons sans cesse un après dans lequel nous nous projetons. Or nous savons bien que l’ultime possibilité qui nous attend est la mort , qui suscite en nous de l’« angoisse ». Au rebours d’Épicure qui proclamait que « la mort n’est rien pour nous » et que le bonheur est possible à condition de vivre au présent, les philosophes de l’existence insistent sur l’incertitude, voire le désespoir, qui hante l’esprit humain.

Les penseurs «  existentialistes » comme Kierkegaard, Heidegger ou Sartre prennent pour point de départ la fragilité de l’existence humaine.

[Transition] La conscience fait obstacle à un bonheur simple qui semblait à portée de main. Mais est-elle incompatible avec un bonheur plus complexe qui nous serait propre ?

3. Le bonheur est propre à l’être conscient

A. bonheur et satisfaction.

Introduisez une distinction entre « bonheur » et « satisfaction » pour envisager le problème sous un nouvel angle.

Si la définition du bonheur n’est jamais tout à fait claire et varie d’un individu à un autre, Mill observe qu’elle est toujours assez riche pour ne pas se réduire à la satisfaction , c’est-à-dire aux plaisirs élémentaires qui nous sont communs avec les animaux (manger, boire, etc.). Le bonheur que nous cherchons inclut aussi la connaissance du monde et de soi, les arts, les relations sociales et amoureuses, le bien-être social, etc.

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« Il vaut mieux être un homme insatisfait qu’un porc satisfait » (Mill, L’Utilitarisme )

Si nous nous heurtons à de nombreux obstacles dans notre quête, c’est tout simplement parce que nos ambitions sont plus élevées  : elles ne sont peut-être pas toutes susceptibles d’être comblées, mais cette incomplétude est compensée par la conscience de notre dignité . Nos moyens aussi sont plus élevés, puisque notre intelligence nous permet de calculer au mieux comment être heureux, individuellement et collectivement.

B. Le renforcement de la conscience

Selon Freud, l’incapacité de certains individus à trouver l’épanouissement, ou ne serait-ce que l’équilibre psychique, ne doit pas être mise sur le compte de la conscience, mais sur celui de l’inconscient . Les symptômes tels que les angoisses, phobies, obsessions, épuisement dépressif, etc., sont le fait de désirs refoulés qui reviennent se manifester de façon voilée, et dont il s’agit de comprendre le sens .

La voie à privilégier est donc le renforcement de la conscience et non son effacement : il faut « rendre conscient l’inconscient », élargir notre champ de conscience en devenant plus lucides sur nous-mêmes, sur notre histoire et nos désirs secrets afin de devenir plus libres et plus heureux .

Le sacrifice de la conscience n’est ni possible ni souhaitable, car celle-ci définit l’être humain. Loin de constituer un obstacle à toute forme de contentement, le renforcement de la conscience est le moyen par lequel nous pouvons nous rapprocher du bonheur qui nous est propre.

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  • Cours : On ne badine pas avec l'amour d'Alfred de Musset

On ne badine pas avec l'amour d'Alfred de Musset Cours

L'intitulé du parcours : « les jeux du cœur et de la parole ».

L'intitulé du parcours nous invite à nous demander dans quelle mesure ce drame romantique met en avant le rôle de l'amour et de la parole. Comment le théâtre, en représentant les jeux de l'amour, met-il en évidence le rôle que joue la parole ?

Définition des termes du parcours

Les termes du parcours sont liés aux notions de « jeux », de « cœur » et de « parole ».

Le mot « jeu » a un champ sémantique important. Il peut s'entendre au sens propre comme au sens figuré.

Le mot « jeu », dans son sens étymologique (du latin jocus ) signifie « plaisanterie ». Il s'agirait alors d'une forme de divertissement léger, sans grave conséquence qui a pour but le plaisir que cela procure. On peut associer à la notion de jeu celles de gagnant et de perdant. Certains jeux nécessitent de respecter des règles, d'autres relèvent du hasard.

Le mot « jeu » désigne également la manière dont un comédien incarne son rôle.

Le mot « jeu » peut aussi s'entendre au sens figuré, mécanique, du terme. Il désigne alors, la séparation, l'écart qu'il y a entre deux éléments imparfaitement assemblés.

L'emploi du pluriel, dans l'intitulé du parcours, suggère qu'il existe différentes formes de jeu.

Champ sémantique

Un champ sémantique est l'ensemble des significations d'un mot (sens propres et sens figurés).

Le mot « cœur » a deux sens : un sens propre et un sens figuré.

Au sens propre du terme, le mot « cœur » désigne l'organe vital humain qui nous permet de vivre. Mais ce n'est pas dans ce sens qu'il faut l'entendre dans ce parcours.

Traditionnellement, le cœur est considéré comme le siège du sentiment amoureux. Cette idée est née d'une vieille croyance qui localisait dans le cœur plusieurs sentiments dont l'amour, la générosité et le courage. Ainsi, par extension, le terme « cœur » peut avoir pour synonymes « attachement », « passion », « amour ». Il existe de nombreuses expressions avec ce terme : « avoir bon cœur », « mettre du cœur à l'ouvrage », « tenir à cœur », etc. Ainsi, au sens figuré, le cœur se retrouve ainsi opposé à la raison : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point » écrit Pascal dans ses Pensées .

Le terme peut également désigner le centre de quelque chose : le cœur du problème, le cœur de la ville, etc.

La parole désigne avant tout l'acte de langage dont sont dotés tous les êtres humains.

La parole est ce qui permet à l'homme de s'exprimer, de dire ce qu'il pense, de communiquer avec autrui. Elle suggère un acte de communication défini entre un locuteur et un destinataire. La parole peut être chargée de diverses intentions : informer, convaincre, persuader, séduire, émouvoir, etc.

La parole est essentielle au théâtre. Elle a de nombreux enjeux. Elle peut être génératrice d'action et faire avancer l'intrigue mais elle peut aussi être narration et permettre de rapporter ce qu'il s'est passé hors-scène. La parole peut aussi donner l'occasion aux personnages de faire une véritable introspection et de faire affleurer une vérité plus ou moins cachée. La parole est une composante essentielle de la dramaturgie théâtrale avec la singularité de la double énonciation. Elle doit donc être décodée avec attention tant par les personnages que par les spectateurs.

Double énonciation

La double énonciation est un phénomène propre au théâtre. Lorsqu'un personnage s'adresse à un autre personnage sur scène, il s'adresse aussi au public qui est le destinataire indirect des paroles prononcées.

Les enjeux du parcours

L'intitulé du parcours suggère un lien fort entre le cœur, la parole et le jeu. Il suggère que jouer avec les mots c'est jouer avec le cœur du destinataire.

Les deux termes « cœur » et « parole » ne sont pas dissociés. Au contraire, ils sont étroitement rapprochés, associés, comme en témoigne l'utilisation de la conjonction de coordination « et ». La formulation « jeux du cœur » suggère que l'amour peut s'obtenir en respectant certaines règles ou par tricherie mais qu'il est aussi une forme d'amusement léger. La formulation « jeux de la parole », quant à elle, suppose une bonne maîtrise du langage qui peut servir à révéler ou à dissimuler, et ce toujours dans un esprit d'amusement léger.

Enfin, le mot « jeu », en mécanique, évoque l'espace qu'il y a entre deux pièces assemblées imparfaitement. La formulation générale du parcours « les jeux du cœur et de la parole » peut donc également suggérer un accord imparfait entre les deux, un écart qui fait que l'ensemble ne peut fonctionner.

L'intitulé du parcours invite donc à se poser diverses questions :

  • Quel(s) lien(s) existent entre cœur et paroles ?
  • Quels types de jeux sont présents dans la pièce ?
  • Peut-on dissocier les jeux du cœur et les jeux de la parole ?
  • La parole peut-elle être mise au service du cœur ?
  • Le cœur a-t-il besoin de la parole pour se dévoiler ?
  • Dans quelle mesure le drame romantique de Musset s'intéresse-t-il au rôle joué par la parole dans les jeux de l'amour ?

Alfred de Musset naît en 1810 et meurt en 1857. C'est l'un des auteurs emblématiques du mouvement romantique. Il est devenu particulièrement célèbre en raison de sa liaison passionnée et tumultueuse avec l'auteure George Sand.

L'enfance d'Alfred de Musset

Musset relate des épisodes de sa vie dans La Confession d'un enfant du siècle (1836), œuvre dans laquelle, sous le nom d'Octave, il exprime le Mal du Siècle, qui touche toute sa génération.

Né le 11 décembre 1810 à Paris, Alfred de Musset grandit dans une famille aristocratique très cultivée : son grand-père était poète et son père était spécialiste de Rousseau. Il étudie au collège Henri-IV, où il se distingue des autres élèves tant il est brillant.

Après l'obtention de son baccalauréat, il poursuit des études de médecine, de droit et de peinture, mais il abandonne rapidement ces parcours au profit de la littérature. Dès l'âge de 17 ans, il intègre le « Cénacle » ainsi que le salon de Charles Nodier et publie à l'âge de 19 ans les Contes d'Espagne et d'Italie , son premier recueil poétique.

Le Cénacle est un groupe de jeunes artistes et écrivains romantiques qui se sont réunis de 1823 à 1830 chez Charles Nodier et chez Victor Hugo. Ce groupe était composé notamment de Gautier, Vigny, Musset, Sainte-Beuve, Mérimée, Dumas, Balzac et Nerval. Ce Cénacle, aussi appelé le Cénacle romantique, joua un rôle crucial dans le développement et la promotion du mouvement romantique en France.

Une vie de « dandy débauché »

Rapidement, Alfred de Musset vit une vie de « dandy débauché », il s'engage dans différentes liaisons amoureuses, passant d'une femme à l'autre.

Dès 1830, à l'âge de 20 ans, Musset connaît une réputation de débauché dans le milieu des demi-mondains. Cette vie dissolue s'accompagne d'un premier échec au théâtre le 1 er décembre 1830. Sa comédie, La Nuit vénitienne , est un cuisant échec qui conduit Musset à s'écarter de la scène théâtrale et à proposer un théâtre fait pour être lu.

En 1833, Musset fait la rencontre de George Sand, qui collabore comme lui à la Revue des Deux Mondes . Elle a six ans de plus que lui et une réputation scandaleuse mais le coup de foudre est immédiat. En décembre 1833, les deux amants partent à Venise. Leur séjour se passe mal. Alors que la jeune femme se retrouve clouée au lit, Musset ne se prive pas de profiter de la ville et de ses divertissements (notamment les femmes) avant de tomber malade à son tour. Sand prend soin de lui mais entretient secrètement une liaison avec son médecin, Pietro Pagello. Leur relation se consume, elle inspirera au poète son chef-d'œuvre Lorenzaccio .

Un dandy est un homme se voulant extrêmement élégant et raffiné tant dans son habillement que dans ses manières et ses goûts.

Les échecs amoureux

Cette liaison passionnée et l'échec qu'elle connaît laissent Alfred de Musset dans un état dépressif, il sombre peu à peu dans l'alcool.

Bien que George Sand et Alfred de Musset se soient revus ponctuellement à Paris, leur rupture est définitive en mars 1835. Le jeune homme ne se remet pas de cet échec. Il décide alors d'exposer sa vision de l'amour dans sa pièce On ne badine pas avec l'amour , en particulier à l'occasion d'une discussion entre Camille et Perdican, dans laquelle il réutilise un passage d'une lettre écrite depuis Venise par George Sand le 12 mai 1834. En 1836, il publie son roman autobiographique La Confession d'un enfant du siècle .

Il ne parvient à entretenir aucune relation stable. Il connaît successivement Caroline Jaubert, qu'il abandonne au profit de la cousine de celle-ci, Aimée-Irène d'Alton, qu'il quitte pour Pauline Garcia. Mais celle-ci se refuse à lui. Aimée-Irène d'Alton finira par épouser le frère aîné de Musset, Paul. En 1839, il a une courte liaison avec la célèbre comédienne Rachel ; trois ans plus tard, il s'éprend de la princesse Christine de Belgiojoso mais elle l'éconduit. Il entretient ensuite une relation amoureuse pendant deux ans avec la comédienne Mademoiselle Despréaux.

Une santé et un moral fragiles

À la fin des années 1840, la santé de Musset se dégrade, en raison de son penchant pour l'alcool, de ses excès et de sa dépression.

Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1845. En 1847, la représentation de sa pièce Un caprice est un véritable succès. Parce qu'il est favorable à la monarchie de Juillet, Musset se voit retiré, en 1848, de ses fonctions de conservateur de la bibliothèque du ministère de l'Intérieur qu'il occupait depuis dix ans. Il est élu à l'Académie française en 1852. En 1853, il est nommé conservateur de la bibliothèque du ministère de l'Instruction publique.

Cependant, sa santé se dégrade, il fait des crises convulsives à répétition, lesquelles sont accompagnées de troubles neurologiques, ayant sans doute contracté la syphilis dans une maison close à l'âge de 15 ans. Se laissant de plus en plus aller à l'alcoolisme et à une vie de débauche générale, il meurt le 2 mai 1857 de la tuberculose.

Proverbe ou drame romantique ?

La pièce de Musset est principalement un drame romantique. Pour autant, elle présente certaines caractéristiques d'un genre, alors très en vogue : le « proverbe ».

Un proverbe

Le genre du proverbe apparaît à la fin du XVII e siècle mais atteint son apogée au début du XIX e siècle. C'est surtout Musset qui exploite ce genre théâtral au XIX e siècle.

Le proverbe est une courte pièce à la fois ludique et éducative qui reflète, au public, ses propres défauts et ridicules. De structure narrative assez simple, le titre correspond, en général, à un proverbe inventé par l'auteur. On peut donc voir On ne badine pas avec l'amour comme une forme d'apologue dont la morale est donnée dès le début dans le titre. Cependant, bien que Musset reprenne certains codes du proverbe, il s'en écarte par sa manière de développer ses intrigues et dans sa manière d'écrire plus sophistiquée et poétique. L'intrigue d' On ne badine pas avec l'amour est très originale et ne suit pas la structure narrative simple des proverbes. De plus, les thèmes majeurs que la pièce aborde, notamment l'amour et la confiance, sont propres à Musset : déchirements, souffrances, hantise de la trahison, autant de motifs qui ne sont pas vraiment caractéristiques du genre du proverbe qui exploite plutôt des sujets légers.

Un drame romantique

Chef de file du mouvement romantique, Victor Hugo réunit autour de lui au début des années 1820, ce qu'il nomme « Le Cénacle », composé de jeunes artistes parmi lesquels on retrouve notamment Alfred de Musset, Théophile Gautier, Honoré de Balzac, Gérard de Nerval, etc. Ensemble, ils vont faire émerger une nouvelle forme théâtrale, un nouveau drame : le drame romantique.

Fortement influencé par les traductions des pièces de Shakespeare, Stendhal expose les fondements du drame romantique dans son pamphlet Racine et Shakespeare (1823). Ces fondements sont développés de manière plus approfondie par Victor Hugo dans la Préface de Cromwell en 1827 : « il n'y a ni règles ni modèles ; le poète ne doit prendre conseil que de la nature, de la vérité et de l'inspiration ». Hugo se réfère explicitement à Shakespeare pour expliquer que le drame romantique se définit par le mélange des genres : « Shakespeare, c'est le Drame ; et le drame, qui fond sous un même souffle le grotesque et le sublime, le terrible et le bouffon, la tragédie et la comédie ». Les dramaturges refusent alors les règles classiques, qu'ils jugent trop strictes, ce qui donnera lieu à de grandes querelles, comme en témoigne la célèbre « bataille d'Hernani » en 1830.

Le drame romantique est un genre théâtral qui se distingue par plusieurs caractéristiques qui contrastent avec les règles classiques du théâtre, notamment celles établies par Aristote et les dramaturges du XVII e siècle comme Corneille et Racine. Les caractéristiques principales du drame romantique sont : le mélange des genres (comédie et tragédie), la liberté formelle et des personnages complexes souvent déchirés en leurs aspirations et la réalité. Les thèmes des drames romantiques sont ceux prisés par le romantisme : l'amour passionné, le destin, la rébellion contre les conventions sociales, la nature et l'individu en quête de liberté et d'identité. De plus, le drame romantique accorde une grande importance aux aspects visuels et spectaculaires de la mise en scène, avec des décors élaborés et des situations dramatiques frappantes. Bien que la langue utilisée soit plus naturelle et moins formelle que celle du théâtre classique, elle reste souvent riche et poétique, visant à émouvoir et à impressionner le public. Enfin, le drame romantique a souvent un arrière-plan historique et les personnages sont souvent héroïques.

On ne badine pas avec l'amour est un drame romantique sous bien des aspects. Tout d'abord parce que la pièce ne respecte pas les règles du théâtre classique : elle se déroule sur plus de vingt-quatre heures, en plusieurs lieux et il y a plusieurs intrigues. De plus, la pièce mélange comédie et tragédie, grotesque et sublime, sérieux et cocasse. Ainsi, scènes comiques et scènes tragiques s'entrecroisent et se suivent tout au long de la pièce. Enfin, on y retrouve des personnages complexes, déchirés entre leurs idéaux et la réalité du monde qui les entoure.

Cependant, la pièce n'est pas un drame romantique parfait. Tout d'abord, on peut constater qu'il n'y a pas de fond historique et qu'aucun personnage n'est réellement héroïque ou exceptionnel. Enfin, on n'y retrouve pas de décors spectaculaires.

Alfred de Musset n'a que 24 ans en 1834 lorsqu'il écrit On ne badine pas avec l'amour , pièce en trois actes qu'il fait tout d'abord publier dans la Revue des Deux Mondes . Elle est représentée pour la première fois le 18 novembre 1861 à la Comédie-Française.

La création de la pièce

Après l'échec de La Nuit vénitienne et des Noces de Laurette en 1830 au Théâtre de l'Odéon, Musset décide d'écrire des pièces de théâtre destinées non à être jouées mais à être lues, ce qui lui permet d'échapper aux contraintes de la mise en scène.

En 1832, Musset publie son recueil Un spectacle dans un fauteuil , qui rassemble une dédicace, un poème et deux pièces : une comédie et une tragédie qui sont destinées à être lues et non jouées. En 1834, le directeur de La Revue des Deux Mondes lui commande une pièce que Musset s'attèle à rédiger en deux mois à peine : On ne badine pas avec l'amour . Il trouve son inspiration dans son drame personnel, celui de l'échec de sa relation avec George Sand, qui l'avait abandonné à Venise pour le médecin Pagello. Malgré la rupture, les anciens amants entretiennent une relation épistolaire dans laquelle Musset l'informe qu'il a pour projet d'écrire leur histoire. Bien qu'il eut pour objectif d'en faire initialement un roman, la commande du directeur l'oblige à revoir ses ambitions. Ainsi, sa pièce est largement nourrie de la liaison passionnée des deux amants, en particulier dans la scène 5 de l'acte II, dans laquelle il reprend mot pour mot des passages des lettres de George Sand.

Le titre, On ne badine pas avec l'amour

Le titre de la pièce de Musset s'apparente à une forme de proverbe.

Dans son drame romantique, Musset livre une réflexion autour de l'amour. On ne badine pas avec l'amour est une pièce appartenant au genre du « proverbe ». « Badiner » signifie « plaisanter avec enjouement » (Le Robert). Formulé au présent de vérité générale, le titre prend la forme d'un proverbe qui avertit le lecteur : l'amour n'est pas une plaisanterie. En effet, si l'on se joue de l'amour, il peut y avoir de graves conséquences. Et c'est ainsi que la pièce, aux allures frivoles par le titre, devient un véritable drame romantique.

La structure de la pièce

La pièce est composée de trois actes, dont les deux premiers comportent cinq scènes, tandis que le dernier en comporte huit.

L'acte I tourne autour du projet de mariage formulé par le Baron : il souhaite unir son fils, Perdican, à Camille, la cousine de ce dernier. Camille et Perdican se retrouvent tous deux sur les lieux de leur enfance, le château du Baron, après s'être perdus de vue pendant des années. Camille sort du couvent alors que Perdican a terminé ses études et obtenu un doctorat. Cependant, leurs retrouvailles sont froides car l'éducation austère qu'a reçue la jeune fille au couvent l'empêche de céder aux avances de son cousin. Ce dernier, désemparé, décide de dîner avec une jeune paysanne, Rosette, sœur de lait de Camille.

Dans l'acte II, Camille exprime son désir de partir prochainement du château. Elle envoie Dame Pluche, sa gouvernante, donner un billet à Perdican pour une ultime rencontre. Le jeune homme qui continue son jeu de séduction avec Rosette, il décide malgré tout de se rendre au rendez-vous. S'ensuit une tirade de Camille au sujet de l'amour inconstant et égoïste des hommes, ce qui l'a engagée à renoncer au monde. À son tour, Perdican se livre à un discours dans lequel il remet en cause l'éducation des couvents et exalte la passion qui se trouve chez tous les êtres.

L'acte III révèle l'ambition de Musset de créer un drame romantique. Perdican découvre, en interceptant une lettre de Camille pour une religieuse, qu'elle est satisfaite de l'avoir désespéré. Apprenant cela, Perdican, blessé dans son amour propre, décide de la rendre jalouse en faisant à Rosette une déclaration d'amour que Camille entend. Camille le fait alors venir, cache Rosette derrière un rideau, qui entend la véritable déclaration d'amour de Perdican à Camille. Cependant, Camille accable le jeune homme de reproches, et il se décide à épouser Rosette. Prise à son propre jeu, Camille avoue ses sentiments à Perdican, ils se laissent aller à leur passion sans savoir que Rosette les observe. Ils la retrouvent morte, tuée par l'émotion, ce qui les pousse à se séparer pour toujours.

Les personnages de la pièce

Les interactions entre Perdican, Camille et Rosette sont au cœur de l'intrigue de la pièce. Les jeux de pouvoir et les manipulations émotionnelles entre Perdican et Camille, et l'utilisation de Rosette comme instrument de jalousie, créent une tension dramatique intense.

Les personnages d' On ne badine pas avec l'amour peuvent être classés en deux catégories : les héros tragiques (Camille, Perdican et Rosette) et les personnages grotesques (Le Baron, Maître Blazius, Maître Bridaine et Dame Pluche).

Perdican est le protagoniste masculin dont les actions et décisions sont centrales à l'évolution de l'histoire. Sa relation avec Camille et son interaction avec Rosette créent le conflit dramatique principal.

Perdican est un jeune homme de vingt-et-un ans. C'est le fils du Baron. Il est de retour au château de son enfance après ses études au cours desquelles il a obtenu le titre de docteur. Il est intelligent, passionné et doté d'un caractère à la fois romantique et cynique. C'est un épicurien qui aime profiter de la vie. Il incarne une forme de libertinage bien qu'il soit profondément attiré par la pureté du véritable amour. Perdican est véritablement amoureux de Camille, mais il est aussi désabusé par l'idée de l'amour parfait. Il est déchiré entre son idéal de l'amour et la réalité. Il oscille donc entre des sentiments sincères pour Camille et un désir de se venger de ce qu'il perçoit comme son indifférence. Ses expériences et déceptions l'ont rendu méfiant et sarcastique, surtout lorsqu'il se sent rejeté.

Camille est la protagoniste féminine dont l'attitude froide et distante envers Perdican crée une tension qui anime la pièce. Son évolution et ses interactions avec Perdican sont cruciales pour le développement de l'histoire.

Camille est la cousine de Perdican. Elle a dix-huit ans. Elle a été élevée dans un couvent comme c'est souvent le cas pour les jeunes filles de bonne famille de l'époque. Elle revient dans le domaine familial avec des idéaux stricts et réservés sur l'amour. Elle est initialement déterminée à retourner au couvent et à consacrer sa vie à la religion. Camille est prudente et distante, ayant adopté une attitude de méfiance envers l'amour. Sa fierté la pousse à refuser de montrer ses véritables sentiments pour Perdican, sentiments qu'elle ne reconnaîtra qu'à la fin de la pièce.

Perdican et Camille incarnent les héros romantiques par excellence. Ils sont toujours dans la quête d'un idéal, d'un absolu, sans pour autant y parvenir. Sensibles, fragiles et pétris d'idéalisme, ils seront incapables de voir le bonheur là où il est et de l'atteindre.

Rosette est utilisée par Perdican pour susciter la jalousie de Camille. Sa simplicité et sa vulnérabilité ajoutent une dimension tragique à l'histoire.

Rosette est une jeune paysanne, sœur de lait de Camille, innocente et simple. Elle est naïve et sincère. Elle ne comprend pas toujours les jeux amoureux des autres. Elle incarne la simplicité et la pureté, contrastant avec la complexité des sentiments de Camille et Perdican. Rosette est manipulée par Perdican et Camille, ce qui la rend vulnérable à leurs machinations. Elle est la victime tragique du badinage amoureux de Camille et Perdican puisqu'elle meurt d'amour à la fin de la pièce.

Le Baron représente la voix de la raison et de l'autorité familiale. Pour autant, il n'a qu'une autorité de façade qui montre sa difficulté à s'adapter à son temps.

Le Baron est le père de Perdican. C'est un homme bienveillant en apparence. Il souhaite le bonheur de son fils et de sa nièce. Mais il voit dans leur mariage son propre intérêt, car, selon lui, il apporterait stabilité, honneur et harmonie dans la famille. Il est obsédé par sa descendance, l'argent et les convenances.

Maître Blazius et Maître Bridaine

Ils fournissent des conseils et des observations qui ajoutent une dimension humoristique et critique à la pièce.

Blazius est un religieux précepteur de Perdican et Bridaine est le curé du village. Ils aiment tous les deux la bonne chère. Ils ne comprennent pas grand-chose au jeu amoureux qui se passe sous leurs yeux. Ils cherchent avant tout leur avantage personnel et les honneurs. Ils se font concurrence cherchant à être celui qui recevra les faveurs du Baron. Leur jalousie réciproque les rend malveillants.

Dame Pluche

Elle symbolise l'opposition entre le monde religieux et la vie séculière (c'est-à-dire laïque).

Dame Pluche est la gouvernante de Camille. Souvent de mauvaise humeur, elle est stricte et très dévote. Elle incarne les valeurs religieuses et surveille Camille avec diligence. Dame Pluche cherche à protéger Camille des tentations mondaines. Elle essaie d'influencer les décisions et actions de Camille.

Les thèmes de l'œuvre

On ne badine pas avec l'amour d'Alfred de Musset aborde plusieurs thèmes centraux qui explorent la complexité des émotions humaines et les conflits internes des personnages.

L'amour et ses désillusions

Le titre même de la pièce indique que l'amour est un sujet sérieux qui ne doit pas être pris à la légère. Musset explore les différentes facettes de l'amour à travers les relations entre Perdican, Camille et Rosette. Perdican représente l'amour humain passionné et intense mais aussi volatile et susceptible de tourner à la désillusion. Camille représente l'idéal de l'amour divin, mais elle est confrontée à la réalité de ses sentiments et de ses peurs. Tous deux sont aveugles sur leurs vrais sentiments et leurs vrais désirs. Les personnages sont constamment tiraillés entre leurs émotions et leur raison. Camille tente de réprimer ses sentiments pour Perdican par une attitude rationnelle et réservée, influencée par son éducation au couvent. Perdican, en revanche, laisse ses émotions dominer ses actions, ce qui conduit à des décisions irrationnelles. Rosette, par son amour pur et naïf, devient victime des jeux cruels de Perdican et Camille.

Aucun personnage, dans la pièce, ne montre une image positive de l'amour. Camille et Perdican symbolisent l'amour impossible. Les autres personnages symbolisent la solitude (le Baron, Blazius, Bridaine et Dame Pluche) ou bien les ravages de l'amour (Rosette).

Innocence et corruption

Le contraste entre l'innocence et la corruption est un thème récurrent dans la pièce. Rosette, symbole de l'innocence, représente la pureté et la simplicité, en contraste avec les machinations des autres personnages. Perdican et Camille, par leurs actions, montrent comment l'innocence peut être corrompue par des intentions égoïstes et des désirs de revanche. Blazius et Bridaine sont corrompus par leur ambition. Quant à Dame Pluche, son rigorisme religieux la rend acariâtre et de mauvais conseil.

Les modèles sociaux même de Camille et Perdican sont corrompus. Camille est attachée à un modèle religieux qui ne fonctionne pas puisqu'il ne lui permet pas d'accéder à la pureté qu'elle souhaite tant. Son éducation est donc, à ce niveau-là, un échec. Perdican, attaché aux valeurs de son milieu, s'en détache pourtant et semble trouver refuge dans la contemplation de la nature. Les adultes sont corrompus, aux prises avec la réalité de leur époque, incapables de changer. Blazius et Bridaine sont des religieux mais ils corrompent leur foi par une ambition terrestre et les plaisirs de la bonne chaire. Dame Pluche qui devrait être épanouie par sa foi est, en fait revêche et aigrie, incapable de vraiment comprendre Camille. Enfin, le Baron incarne un Pater familias déchu, qui a perdu son autorité et qui est intéressé uniquement par l'argent.

En somme, On ne badine pas avec l'amour utilise des thèmes profonds et universels pour créer une œuvre dramatique complexe et émouvante. L'amour, la jalousie, le conflit entre raison et sentiment, l'innocence et la corruption, ainsi que le destin et la fatalité sont explorés à travers les interactions et les dilemmes des personnages principaux. Ces thèmes révèlent les tensions et les contradictions inhérentes à la nature humaine, faisant de la pièce une réflexion poignante sur les réalités de l'amour et des relations humaines.

La réception de l'œuvre

On ne badine pas avec l'amour a connu une réception variée au fil du temps. À l'origine, la pièce a été reçue avec une certaine réserve. Certains critiques de l'époque ont apprécié la profondeur et la qualité poétique de l'œuvre, tandis que d'autres ont été plus critiques de son ton mélancolique et de ses thèmes sombres. Avec le temps , On ne badine pas avec l'amour a gagné en reconnaissance. Elle est aujourd'hui considérée comme l'une des œuvres majeures de Musset et un exemple brillant du théâtre romantique français. Les spectateurs ont progressivement été conquis par la complexité des personnages, la beauté de la langue et les thèmes universels qui y sont abordés.

Textes-clés de la pièce

La scène d'exposition (acte i – scène 1).

(Une place devant le château.)

Doucement bercé sur sa mule fringante, messer Blazius s'avance dans l es bleuets fleuris, vêtu de neuf, l'écritoire au côté. Comme un poupon sur l'oreiller, il se ballotte sur son ventre rebondi, et, les yeux à demi fermés, il marmotte un Pater noster dans son triple menton. Salut, maître Blazius ; vous arrivez au temps de la vendange , pareil à une amphore antique.

MAÎTRE BLAZIUS.

Que ceux qui veulent apprendre une nouvelle d'importance m'apportent ici premièrement un verre de vin frais.

Voilà notre plus grande écuelle ; buvez, maître Blazius ; le vin est bon, vous parlerez après.

Vous saurez, mes enfants, que le jeune Perdican, fils de notre seigneur, vient d'atteindre à sa majorité, et qu'il est reçu docteur à Paris. Il revient aujourd'hui même au château, la bouche toute pleine de façons de parler si belles et si fleuries , qu'on ne sait que lui répondre les trois quarts du temps. Toute sa gracieuse personne est un livre d'or ; il ne voit pas un brin d'herbe à terre, qu'il ne vous dise comment cela s'appelle en latin ; et quand il fait du vent ou qu'il pleut, il vous dit tout clairement pourquoi. Vous ouvrirez des yeux grands comme la porte que voilà, de le voir dérouler un des parchemins qu'il a coloriés d'encres de toutes couleurs, de ses propres mains et sans en rien dire à personne. Enfin c'est un diamant fin des pieds à la tête , et voilà ce que je viens annoncer à M. le baron. Vous sentez que cela me fait quelque honneur, à moi, qui suis son gouverneur depuis l'âge de quatre ans ; ainsi donc, mes bons amis, apportez une chaise, que je descende un peu de cette mule-ci sans me casser le cou ; la bête est tant soit peu rétive, et je ne serais pas fâché de boire encore une gorgée avant d'entrer.

Buvez, maître Blazius, et reprenez vos esprits. Nous avons vu naître le petit Perdican, et il n'était pas besoin, du moment qu'il arrive, de nous en dire si long. Puissions-nous retrouver l'enfant dans le cœur de l'homme !

Ma foi, l'écuelle est vide, je ne croyais pas avoir tout bu. Adieu ; j'ai préparé, en trottant sur la route, deux ou trois phrases sans prétention qui plairont à monseigneur ; je vais tirer la cloche. (Il sort.)

Durement cahotée sur son âne essoufflé, Dame Pluche gravit la colline ; son écuyer transi gourdine à tour de bras le pauvre animal, qui hoche la tête, un chardon entre les dents. Ses longues jambes maigres trépignent de colère, tandis que de ses mains osseuses elle égratigne son chapelet. Bonjour donc, dame Pluche ; vous arrivez comme la fièvre, avec le vent qui fait jaunir les bois.

DAME PLUCHE.

Un verre d'eau, canaille que vous êtes ! un verre d'eau et un peu de vinaigre !

D'où venez-vous, Pluche, ma mie ? Vos faux cheveux sont couverts de poussière ; voilà un toupet de gâté, et votre chaste robe est retroussée jusqu'à vos vénérables jarretières.

Sachez, manants, que la belle Camille , la nièce de votre maître, arrive aujourd'hui au château. Elle a quitté le couvent sur l'ordre exprès de monseigneur, pour venir en son temps et lieu recueillir, comme faire se doit, le bon bien qu'elle a de sa mère. Son éducation , Dieu merci, est terminée, et ceux qui la verront auront la joie de respirer une glorieuse fleur de sagesse et de dévotion. Jamais il n'y a rien eu de si pur, de si ange, de si agneau et de si colombe que cette chère nonnain ; que le seigneur Dieu du ciel la conduise ! Ainsi soit-il ! Rangez-vous, canaille ; il me semble que j'ai les jambes enflées.

Défripez-vous, honnête Pluche, et quand vous prierez Dieu, demandez de la pluie ; nos blés sont secs comme vos tibias.

Vous m'avez apporté de l'eau dans une écuelle qui sent la cuisine ; donnez-moi la main pour descendre ; vous êtes des butors et des malappris.

(Elle sort.)

Mettons nos habits du dimanche, et attendons que le baron nous fasse appeler. Ou je me trompe fort, ou quelque joyeuse bombance est dans l'air d'aujourd'hui.

(Ils sortent.)

Le cadre spatio-temporel Le portrait de Blazius Le portrait de Perdican L'éloge de Camille

Mouvements du texte :

  • Premier mouvement : Le portrait de Maître Blazius et de Perdican
  • Deuxième mouvement : Le portrait de Dame Pluche et de Camille

L'essentiel à retenir du texte :

  • L'importance du chœur : L'insertion du chœur dans cette pièce n'est pas sans rappeler le chœur dans les tragédies antiques. Dans cette scène, le chœur fait le portrait comique de Maître Blazius et de Dame Pluche.
  • Deux portraits grotesques : Dès le début de la scène, Maître Blazius est présenté par le chœur comme un personnage comique, comparé à un bébé (« comme un poupon sur son oreiller »). Son portrait physique est alors raillé, de même que son portrait moral puisqu'il a un goût prononcé pour l'alcool. De la même manière, le portrait de Dame Pluche n'est pas plus élogieux, puisqu'elle est décrite comme une femme agressive, grossière et méprisante.
  • Deux portraits sublimes : Le jeune Perdican et la jeune Camille sont présentés comme des êtres parfaits, comme l'indiquent les nombreuses hyperboles et les superlatifs employés par Maître Blazius et Dame Pluche pour en faire la description. Tous deux sont beaux, d'un statut social élevé et ils ont été éduqués. Ils maîtrisent par ailleurs l'art du langage.

L'éloge de l'amour (acte II – scène 5)

Sais-tu ce que c'est que des nonnes, malheureuse fille ? Elles qui te représentent l'amour des hommes comme un mensonge, savent-elles qu'il y a pis encore, le mensonge de l'amour divin ? Savent-elles que c'est un crime qu'elles font, de venir chuchoter à une vierge des paroles de femme ? Ah ! comme elles t'ont fait la leçon ! Comme j'avais prévu tout cela quand tu t'es arrêtée devant le portrait de notre vieille tante ! Tu voulais partir sans me serrer la main ; tu ne voulais revoir ni ce bois, ni cette pauvre petite fontaine qui nous regarde tout en larmes ; tu reniais les jours de ton enfance ; et le masque de plâtre que les nonnes t'ont plaqué sur les joues me refusait un baiser de frère ; mais ton cœur a battu ; il a oublié sa leçon, lui qui ne sait pas lire, et tu es revenue t'asseoir sur l'herbe où nous voilà. Eh bien ! Camille, ces femmes ont bien parlé ; elles t'ont mise dans le vrai chemin ; il pourra m'en coûter le bonheur de ma vie ; mais dis-leur cela de ma part : le ciel n'est pas pour elles.

Ni pour moi, n'est-ce pas ?

Adieu, Camille, retourne à ton couvent, et lorsqu'on te fera de ces récits hideux qui t'ont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : « J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé . C'est moi qui ai vécu , et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. »

( Il sort. )

La dénonciation de la religion Une leçon de morale Questions rhétoriques L'éloge de l'amour

  • Premier mouvement : Un réquisitoire contre la religion et l'éducation des couvents
  • Deuxième mouvement : Un plaidoyer en faveur de l'amour
  • La dénonciation de la religion : La réplique de Perdican permet de dresser un réquisitoire contre la religion. En effet, il répète à deux reprises le terme « mensonge » pour montrer que les couvents éduquent les jeunes filles dans la négation de l'amour humain et dans la dévotion pour l'amour du Christ. Il emploie également des questions rhétoriques et une phrase ironique pour indiquer que Camille vit dans l'ignorance.
  • Une négation de l'amour en apparence : Au début de sa deuxième réplique, Perdican reprend les mots que George Sand avait adressés à Musset dans l'une de ses lettres après leur séparation. Son discours apparaît dans un premier temps comme un discours pessimiste au sujet du comportement des hommes en amour : ce sont tous des menteurs, des manipulateurs, des hypocrites, des orgueilleux, des dépravés.
  • L'éloge de l'amour : La seconde partie de la réplique de Perdican fait un véritable éloge de l'amour et de ce qu'il apporte aux êtres. Pour cela, Perdican utilise un vocabulaire mélioratif (« sainte et sublime ») pour montrer qu'il n'y a rien de plus important sur terre que l'amour entre deux personnes. Bien qu'il puisse être synonyme de souffrance, l'amour est néanmoins, selon Perdican, ce qui donne sens à la vie.

Le dénouement (acte III – scène 8)

Insensés que nous sommes ! nous nous aimons. Quel songe avons-nous fait, Camille ? Quelles vaines paroles, quelles misérables folies ont passé comme un vent funeste entre nous deux ? Lequel de nous a voulu tromper l'autre ? Hélas ! cette vie est elle-même un si pénible rêve : pourquoi encore y mêler les nôtres ? ô mon Dieu ! le bonheur est une perle si rare dans cet océan d'ici-bas ! Tu nous l'avais donné, pêcheur céleste, tu l'avais tiré pour nous des profondeurs de l'abîme, cet inestimable joyau ; et nous, comme des enfants gâtés que nous sommes, nous en avons fait un jouet . Le vert sentier qui nous amenait l'un vers l'autre avait une pente si douce, il était entouré de buissons si fleuris, il se perdait dans un si tranquille horizon ! Il a bien fallu que la vanité, le bavardage et la colère vinssent jeter leurs rochers informes sur cette route céleste, qui nous aurait conduits à toi dans un baiser ! Il a bien fallu que nous nous fissions du mal, car nous sommes des hommes. Ô insensés ! nous nous aimons. Il la prend dans ses bras.

Oui, nous nous aimons, Perdican ; laisse-moi le sentir sur ton cœur. Ce Dieu qui nous regarde ne s'en offensera pas ; il veut bien que je t'aime ; il y a quinze ans qu'il le sait.

Chère créature, tu es à moi ! Il l'embrasse ; on entend un grand cri derrière l'autel.

C'est la voix de ma sœur de lait.

Comment est-elle ici ? Je l'avais laissée dans l'escalier, lorsque tu m'as fait rappeler. Il faut donc qu'elle m'ait suivi sans que je m'en sois aperçu.

Entrons dans cette galerie ; c'est là qu'on a crié.

Je ne sais ce que j'éprouve ; il me semblé que mes mains sont couvertes de sang.

La pauvre enfant nous a sans doute épiés ; elle s'est encore évanouie ; viens, portons-lui secours ; hélas tout cela est cruel.

Non, en vérité, je n'entrerai pas ; je sens un froid mortel qui me paralyse. Vas-y, Camille, et tâche de la ramener. (Camille sort.) Je vous en supplie, mon Dieu ! ne faites pas de moi un meurtrier ! Vous voyez ce qui se passe ; nous sommes deux enfants insensés , et nous avons joué avec la vie et la mort ; mais notre cœur est pur ; ne tuez pas Rosette, Dieu juste ! Je lui trouverai un mari, je réparerai ma faute ; elle est jeune, elle sera riche, elle sera heureuse ; ne faites pas cela, à Dieu ! vous pouvez bénir encore quatre de vos enfants. Eh bien ! Camille, qu'y a-t-il ?

Camille rentre.

Elle est morte. Adieu, Perdican !

Champ lexical de la folie Phrases exclamatives Des personnages passionnés Métaphore de l'amour Vocabulaire du jeu et de la parole

  • Premier mouvement : L'aveu d'un amour mutuel
  • Deuxième mouvement : Un dénouement tragique
  • Un aveu d'amour : Camille et Perdican se lancent tous deux dans des tirades lyriques et montrent ainsi l'intensité de leur amour qu'ils avaient tenté de retenir. Les nombreuses phrases exclamatives et les didascalies témoignent de leur amour passionné l'un pour l'autre. Jusqu'alors, leurs différentes conceptions de l'amour les avaient séparés, à présent chacun reconnaît ses erreurs. Camille avoue son amour à Perdican et comprend que son amour pour lui n'est pas incompatible avec son amour pour Dieu.
  • L'amour lié à la folie : Dans cette scène, on perçoit une image particulière de l'amour, liée à la folie, caractéristique romantique. Mais on voit également tout l'enjeu du parcours puisque les deux protagonistes comprennent qu'ils ont trop « joué » avec leurs sentiments et leurs paroles, ils ont trop badiné avec l'amour, ce qui sera lourd de conséquences.
  • Un dénouement malheureux : On perçoit un renversement de situation à partir du moment où Camille et Perdican acceptent leur amour mutuel, comme le montre la didascalie « Il l'embrasse ; on entend un grand cri derrière l'autel ». Leur amour devient impossible puisqu'il est lié à la mort de Rosette.

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Le bonheur, est-ce renoncer à ses désirs ?

Dissertation entièrement rédigée en trois parties : I. Volupté des désirs et impossibilité du bonheur, II. Au contraire réfréner ses désirs semble également être une impasse, III. Quelle modération des désirs pour mener alors au bonheur ? Contient beaucoup de références et citations à réutiliser.

Que nous conseille l'opinion quant à la conduite à tenir vis-à-vis du désir ? Aujourd’hui, tout le monde flatte la recherche du plaisir. Nous sommes largement encouragés de donner satisfaction à tous nos désirs. "Vivre ses désirs" est dans le monde actuel une formule publicitaire assez banale. Nos mœurs n'ont pas une forme répressive, ils seraient plutôt très largement laxistes. Nous partageons d'emblée l’opinion selon laquelle le bonheur, c’est la satisfaction de tous les désirs. Cette libération a apporté l'idée qu'il ne fallait surtout pas réprimer, qu'il fallait même exprimer le désir, exprimer ses désirs et se borner à les suivre. Celui qui voudrait réprimer ses désirs serait vu dans notre monde comme une sorte d'exception étrange à une règle commune qui enseigne le contraire. Nous pouvons donc nous étonner de mettre en association le bonheur avec le renoncement de ses envies. En effet, le bonheur c'est au moins la satisfaction de notre nature et notre essence n'est-ce pas le désir? Comment parler sérieusement de renoncer à nous-mêmes?   Pourtant, de loin en loin, nous faisons aussi l’expérience de ce que la multiplication des désirs engendre aussi l’insatisfaction, le dégoût et l’ennui. "Plus le désir avance, plus la possession véritable s’éloigne". Fatigué de désirer en restant mécontents, nous serions presque en désespoir de cause tentés de dire tel que Proust que : " si le bonheur ou du moins l’absence de souffrance peut-être trouvé, ce n’est pas dans la satisfaction, mais dans la réduction, l’extinction progressive finale du désir qu’il faut chercher ". L’ascétisme serait alors la véritable morale du désir. La question est donc : le bonheur est-il dans la réalisation ou dans la suppression des désirs ?

I. Volupté des désirs et impossibilité du bonheur

Le premier pas serait de se demander d’abord ce qu’est le bonheur et si la satisfaction des désirs a un rapport réel avec le bonheur. Nous ne pouvons pas nous lancer dans une analyse de la maîtrise du désir sans préciser en quoi le désir peut-être une composante du bonheur. Mais supposons que nous ne nous posions même pas la question de savoir ce qu’il en est du bonheur. Comment verrons-nous l'issue de nos désirs? Nous en resterons à ce que l’opinion admet : pour la plupart d’entre nous le bonheur est la même chose que la satisfaction des désirs ; c’est l’état béat de contentement de celui qui a enfin pu obtenir ce qu’il cherchait, l’objet de ses désirs. L'homme heureux est celui qui après une lutte difficile pour parvenir à la satisfaction, gagne ce sommet où, entouré de tous les attributs du luxe, il peut enfin dire qu’il a enfin réalisé tous mes désirs ! Que serions nous en effet sans la poursuite incessante des désirs?  Rousseau dit en ce sens dans La Nouvelle Héloïse : " l’homme qui n’a rien à désirer est à coup sûr plus malheureux que celui qui souffre ". 

Ainsi pouvons nous dire que si vivre, c’est désirer, ne plus désirer, c’est ne plus vivre. Le désir est humain. Il est même l’essence de l’homme explique Spinoza dans Ethique  : " Le désir est l'essence même de l'homme, en tant qu'elle est conçue comme déterminée, par une quelconque affection d'elle-même, à faire quelque chose  ». La violence du désir qui peut être excessif peut inquiéter, mais une morale qui chercherait à supprimer le désir, même le plus démesuré ressemble à une sorte de suicide. Si vivre c’est désirer, cesser de désirer c’est en quelque sorte mourir. Nier le désir, ce serait en même temps nier notre affirmation, notre volonté d'être. Il est même impossible de vouloir supprimer le désir. Ce serait être confronté avec une contradiction insoluble : désirer ne pas avoir de désir !

Nous n’éprouvons pas de difficulté à justifier notre perpétuelle quête de satisfaction dans nos désirs. Seulement, il y a ceux qui osent désirer et ceux qui n'y parviennent pas et n'ont d'autre solution que de se restreindre. Pensé sous la forme d’une alternative, cela revient à distinguer les « forts » qui satisfont leurs désirs et les « faibles » qui sont incapables de les satisfaire. La répression du désir paraît tellement contre-nature qu’elle ne peut-être que le fait d’un esprit faible. Il faut être timoré, timide, contraint, inhibé pour avoir ainsi tellement peur de ses désirs qu’on ne trouve d’échappatoire que dans l’abstention et l’ascétisme. Le faible renie ses désirs et adopte une conduite d’impuissance qui le voue au ressentiment et à l’insatisfaction. Le fort libère ses désirs, leur donne libre cours et les mène à la satisfaction. C’est en ce sens que Balzac présente dans sa Comédie humaine l’homme de génie : "  Il désirait comme un poète imagine, comme un savant calcule, comme un peintre crayonne, comme un musicien formule des mélodies... Il s’élançait avec une violence inouïe, et par la pensée, vers la chose souhaitée, il dévorait le temps. En rêvant l’accomplissement de ses projets, il supprimait toujours les moyens d’exécution ". Le cinéma et la littérature contemporaine célèbrent cette fébrilité, cette exaltation du désir. Désirer, pour nous autres, hommes de la « postmodernité », implique vivre pleinement ses désirs, c’est être déjà là où on le désire, être ce que l’on a désiré et rien d‘autre. Chez Balzac, c’est faire coïncider la volonté, le désir et le monde. Le désir est l’ardeur de l’âme forte, c’est la substance même du héros. De ce héros du désir, Balzac écrit : "  Dès son enfance, il avait manifesté la plus grande ardeur en toutes choses. Chez lui, le désir devient une force supérieure et le modèle de tout l’être  ". Celui là qui manque d’ardeur à coup sûr est encore faible. Celui qui jouit avec volupté de sa propre puissance est fort et conquérant. Renoncer à ses désirs serait donc une entrave à mon bonheur.

Platon dans le Gorgias fait affronter Socrate et Calliclès dans un débat sur la démesure. Calliclès défend la thèse du bienfait de l’excès et du laisser-aller à ses désirs : " Voici ce qui est beau et juste suivant la nature je te le dis en toute franchise, c’est que, pour bien vivre, il faut laisser prendre à ses passions tout l’accroissement possible, au lieu de les réprimer, et, quand elles ont atteint toute leur force, être capable de leur donner satisfaction par son courage et son intelligence et de remplir tous les désirs à mesure qu’ils éclosent ". Pour lui, laisser court à ses désirs consiste donc à ne pas se soumettre à la raison, le propre de l'homme, justifiée par le cosmos (le « bien arrangé ») et les mathématiques, qui en sont la traduction. Calliclès semble annoncer les « âmes fortes » démarquées du troupeau humain, les êtres exceptionnels dont l'éclat ou la cruauté rencontre la démesure du monde. Ainsi, comment pourrions-nous reconnaître " cette prétendue beauté de la justice et de la tempérance ", quand, dans notre for intérieur nous pensons : je veux faire ce que je veux, et surtout ne rendre de compte à personne. C’est en ce sens que l’on peut dire que renoncer à mes envies serait me frustrer. Ainsi, m’empêcher d’éclater mes souhaits au nom de la morale, reviendrait à me restreindre et à m’imposer des limites et donc à m’éloigner du bonheur.

Pour Calliclès, quand on a les moyens, (le pouvoir et l’argent), on satisfait ses désirs, et on se moque de la morale et de la justice. Je recherche mon bonheur par l’assouvissement de mes désirs. Renoncer à mes désirs pour la recherche d’un prétendu bonheur serait ainsi une invention des faibles pour se protéger des forts. Dans la nature, il n’y a ni justice ni morale humaine, ce qui règne, c’est la vraie loi, c’est la loi du plus fort. Mais évidemment, le vulgaire n’a pas la force nécessaire pour conquérir une tyrannie et satisfaire ses désirs ! Alors il dénie la force. Mais c’est le discours hypocrite des envieux et des mécontents, le discours des faibles et des impuissants qui parlent de renoncer à ses envies et de morale, parlent de tempérer les désirs. La vraie vie est la vie des forts, elle est dans la démesure, dans l’orgie et la volupté et pas dans la restriction, la limitation, la suppression des désirs ! C’est en ce sens que l’on peut dire que renoncer à ses désirs n’est pour Calliclès aucunement le bonheur.

Calliclès fait donc l’apologie de l’immoralité. Me laisser aller à mes désirs est pour moi une force que tout le monde ne possède pas. Me laisser à la démesure est également pour moi l’expression de ma liberté et un moyen d’atteindre mon bonheur. La première remarque que fait Socrate dans la suite, c’est qu’au moins Calliclès a le mérite de la franchise. Il semble en effet dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas ! Platon utilise le personnage de Calliclès afin de nous mettre en valeur notre avidité, notre violence sous couvert de la satisfaction brutale des désirs afin de trouver mon bien, ma satisfaction et donc mon bonheur. Nous découvrons alors à quel point le désir est prédateur. Calliclès fait peur car il nous montre la violence du déchaînement des désirs. La fascination devant la force ne peut prendre fin que quand nous prenons lucidement conscience de la violence qui accompagne le désir. Cette violence n’est pas seulement celle d’un " autre " : le tyran, l’assassin ou le maniaque. Elle est en moi quand je choisis délibérément de n’écouter que mes désirs, de ne suivre que l’ivresse du désir en refusant et en niant tout le reste. La morale de la satisfaction sans limite des désirs refuse ce qui est. En n’écoutant que moi je nie les autres, en ne voyant que mon intérêt je rejette l’intérêt de tous. C’est cela même l’avidité sans frein qui fait que nous ne cherchons qu'à profiter et à ne jamais donner. Soyons un tant soi peu réfléchi. Personne ne peut souscrire raisonnablement à pareille doctrine de défoulement des désirs afin d’atteindre le bonheur. Il semblerait en effet que le bonheur pourrait être plus près du renoncement à ses désirs.

II. Au contraire réfréner ses désirs semble également être une impasse

En quoi l’assouvissement de tous mes désirs ne m’apporte t il pas le bonheur ? Le bonheur serait-il alors la privation ?

Diogène, notamment, soulignait que l'on était plus heureux lorsqu'on était dénué de tout bien. Vivant avec le juste nécessaire, la quête de la vérité et de la liberté devient plus importante pour moi. A l’inverse, je n’ai que faire de l'argent et de la satisfaction de mes désirs. En effet, désirer me pousse à désirer toujours plus : c'est la preuve que je ne suis jamais satisfait et que je ne trouve pas le bonheur. L’homme est en effet un être de désir. Puissance de négation et de transformation, de rêve et d’action, le désir est ce par quoi l’homme est ouvert à la dimension du possible et de l’imaginaire. Traçant des lignes de faille dans la plénitude du réel, il y introduit l’absence. Tour à tour destructeur et entreprenant, le désir met le monde en chantier. Je suis sans cesse à la quête de la satisfaction de mon bonheur en cherchant à satisfaire mes désirs. Le bonheur semble donc être une impossible totalité. C’est l’imagination qui me fait croire qu’assouvir tous mes désirs m’apporterait le bonheur. C’est en ce sens que Kant explique dans le Fondements de la Métaphysique des Mœurs que « le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l’imagination ». C’est mon imagination qui me fait penser qu’assouvir tous mes désirs serait le bonheur. Cela semble être impossible et inexpérimentable dans la vie sensible.

En effet, vouloir satisfaire toutes ses envies ne serait-ce pas la mort de mon bonheur ?

Le désir peut engendrer des attitudes antagonistes à cause de sa nature, elle-même contradictoire. On peut dire, par exemple, si le désir est l’expression d’un manque ou d’une privation, qu’il est souffrance et qu’il recherche tout naturellement sa satisfaction. Pourtant, il est tout aussi vrai de dire qu’il la refuse : le désir veut et ne veut pas être satisfait. Il y a une ambiguïté foncière du désir par rapport à son objet : qu’est-ce que le désirable, s’il n’est plus désiré ? Ainsi, pouvoir tout assouvir, n’est-ce pas tuer mes désirs ? Aussi pouvons-nous dire que loin d’être sa négation, le renoncement ou l’ascèse pourraient au contraire, être sa condition. C’est ce que Rousseau a tenté de montrer dans La Nouvelle Héloïse en disant : «  Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère  ». Ainsi, si je veux répondre à toutes mes envies et si tout pouvait s’assouvir aurait-je encore des désirs à satisfaire ? Serait-ce le prix pour trouver le bonheur ? Rousseau semble dire le contraire, selon lui, «  on n’est heureux qu’avant d’être heureux  ». Alors le désir et le bonheur sont-ils liés ? Pour Rousseau toujours, le lien de ceux-ci semble être l’imagination. En effet, l’imagination serait ce qui me permet de rendre «  présent et sensible  » tout ce que je désire. Une fois mon désir assouvi, je n’attends plus rien. Ainsi, si je peux tout acheter et donc assouvir tous mes désirs et besoins, je serais «  une misérable créature  ». En effet, je serais privé du plaisir de désirer.

Dois-je alors renoncer ou rechercher mes désirs pour trouver le bonheur ? Si le désir à la fois recherche et diffère sa satisfaction, c’est qu’il sent confusément qu’aucun objet ne lui convient. On a même souvent du mal à définir nos envies. On invoque cependant le bonheur comme l’accomplissement de tous les désirs possibles. Ainsi, si je peux assouvir tous mes désirs, serait-je heureux ? Il semblerait que celui qui pourrait combler tous ses désirs et ses besoins ne serait pas heureux. Le bonheur serait alors de renoncer à mes désirs. En effet, Aristote nous apprend que le bonheur est une notion qui varie. Le bonheur est la douleur de l’absence. Celui qui est pauvre pensera que le bonheur est d’être riche, le malade, quant à lui pensera que le bonheur est la santé. Schopenhauer dans Le monde comme volonté et comme représentation va dans le même sens. En effet, pour tout plaisir, il y a souffrance. Plus mon désir a été long à assouvir, plus ma satisfaction sera grande. Si tout était possible d’assouvir, mes désirs seraient alors multipliés mais jamais complètement satisfaits. Il apparaît donc bien que même si je pouvais combler toutes mes envies, ma recherche de plaisir, elle, resterait la même. Schopenhauer écrit que nous ressemblons à «  Ixion attaché sur une roue qui ne cesse de tourner, aux Danaïdes qui puisent toujours pour emplir leur tonneau, à Tantale éternellement altéré  ».

Reprenons la démonstration de Platon dans Gorgias qui va dans ce sens. Si Calliclès avait raison, d’abord, en pensant que ceux qui n’éprouvent aucun besoin sont malheureux, car "  à ce compte les pierres et les morts seraient très heureux  ", on pourrait toutefois se demander si la satisfaction que cherche le désir poussé à l’extrême ne serait pas un contentement qui réduit et efface le besoin ? Comparons l’âme à un tonneau et les désirs à des trous percés dans le fond. Le tonneau qui n’est pas percé est facile à remplir. Une fois qu’il est plein, il n’est plus nécessaire de lui ajouter quoi que ce soit. Nos désirs, nos besoins seraient alors sans cesse assouvies et même seraient en excès. N’est ce pas cela l’image de la plénitude et du bonheur? Au contraire, l’âme qui est percée de désirs sans nombre est impossible à combler. Tout ce qui est déversé en elle s’écoule aussitôt de sorte qu’il faut constamment la remplir : elle ne trouve jamais la satisfaction et le contentement. N’est ce pas exactement l’image du vide et du malheur de l'insatisfaction de l’âme ? Être condamné à poursuivre sans cesse des désirs, la démesure et la transgression sans jamais trouver le contentement, n’est pas là un supplice infernal ? C'est toute l'absurdité de l'existence livrée à l’assouvissement de tous ses désirs. Que penser de celui qui nous pousse à multiplier sans fin nos désirs et nos besoins jusqu’à l’excès ? N’est-ce pas un démon ? Ne faut-il pas mieux explique Platon "  préférer à une existence inassouvie et sans frein une vie réglée, contente et satisfaite de ce que chaque jour lui apporte ? ". Se donner pour règle de satisfaire tous ses désirs, ses besoins c'est se condamner à une vie de souffrance et non une vie de bonheur. De même, renoncer totalement à ses désirs ne me satisfait pas totalement. Il semblerait donc que mon bonheur pourrait être atteint par une mesure et une tempérance dans l’assouvissement de mes désirs.

III. Quelle modération des désirs pour mener alors au bonheur ?

Mesurer ses envies serait-il alors le bonheur ? Il semble bien que nous avons déjà assez souffert de la multiplication de nos excès et du mécontentent que cela entraîne. Ce dont nous avons besoin, c’est plutôt d’un art de vivre. L'art de vivre montre comment trouver une vie réglée, contente et satisfaite de ce que chaque jour lui apporte. Mais comme nous sommes d’abord des êtres humains et pas d'emblée des ascètes religieux, nous demandons aussi une vie qui comporte du plaisir, même si je dois pour cela être dans la démesure. La morale d’Epicure ne demande pas davantage. Ce que nous avons à apprendre c’est un certain sens de la mesure de nos désirs afin d’atteindre le bonheur. Il faut distinguer l’attitude qui nous porte à la satisfaction de plaisirs légitimes et celle qui nous porte à la poursuite de plaisirs illégitimes et en excès. C’est la poursuite des désirs excessifs qui rend l’homme pervers et non la recherche d’un plaisir légitime. "  Si tous les hommes jouissent d’une façon quelconque des mets, des vins et des plaisirs, tous n’en jouissent pas dans la mesure qu’il faut  ". Trouver la juste mesure en toute chose, et notamment de ses désirs est un ingrédient essentiel de la sagesse et donc du bonheur. Quand on tombe dans la démesure dans l’assouvissement de ses désirs, plus aucun plaisir n’est satisfait. La poursuite effrénée du désir traîne à sa suite l’irritation du mécontentement, la lassitude le dégoût et l’ennui. En un mot, cela nous amène au malheur.

Comment remédier à la recherche excessive de nos désirs afin de trouver le bonheur ? Pour remédier à la démesure du désir et donc trouver le bonheur, il faut apprendre à mesurer les désirs pour adopter en conséquence à leur égard une attitude correcte. Cela n’est possible que si nous établissons une classification précise et si nous adoptons une règle de conduite claire pour chacun d'eux. Tous les désirs n’entrent pas dans la même catégorie. Il y a des désirs naturels (ceux qui ont trait aux besoins, à la tranquillité du corps, comme la satisfaction de la faim, de la soif et du sommeil) et d’autres qui sont plus artificiels (comme ce qui a trait aux plaisirs esthétiques). Epicure dans la Lettre à Ménécée distingue entre désirs naturels et désirs vains. Est vain tout ce qui n’est pas naturel, ce qui ne correspond nullement à l’affirmation de notre nature. Il est naturel de rechercher l’amitié, de donner au corps ce dont il besoin. Il est vain de se prendre au jeu de croire que la richesse, la réputation, la célébrité sont indispensables. Ainsi, devant chacun de nos désirs, nous devons nous demander dans quelle catégorie le placer et adopter des règles en conséquence. Il faut savoir faire un calcul. "  A propos de chaque désir, il faut se poser cette question : quel avantage résultera-t-il pour moi si je le satisfais, et qu’arrivera-t-il si je ne le satisfais pas ?  " Pour ce qui est des désirs vains, il faut les fuir comme la peste et s’en débarrasser. Ils nous entraînent dans des poursuites imaginaires, ils engendrent des souffrances sans nombre et donc le malheur. Il faudra refouler ce genre de désirs afin de trouver la félicité. Pour ce qui est des désirs naturels, quoique non nécessaires, nous devons trouver le sens du juste équilibre entre l’exercice strict du désir et son excès afin de trouver le bonheur.

Comment éviter que mon assouvissement sans limite de mes désirs me rende malheureux ? L'art de vivre avec ses désirs est comme nous venons de le voir assez complexe. En effet, il ne s’agit pas de " profiter " avidement de la vie en se précipitant sur des plaisirs immédiats. Un désir se choisit. Il faut savoir cerner la genèse des faux désirs avant qu’il ne nous fasse souffrir. Il faut prendre garde aux craintes que suggère notre imagination et au cortège de désirs délirants qu’elle nous prépare. L’intelligence doit discerner l’illusion qui donne naissance à l’apparition de désirs vains. Par dessus tout, il faut savoir sauvegarder la paix, le repos, l’état d’auto-sufffisance, la plénitude de l’âme : l’ataraxie (le bonheur et la sérénité).

De plus, un désir se calcule à travers ses conséquences. La mesure du plaisir immédiat est trompeuse. Parfois il faut savoir refuser un plaisir qui engendrerait par la suite des conséquences dommageables (voir les excès de gourmandise et une vie débridée). De même, il faut savoir accepter une douleur momentanée pour un plus grand bien par la suite (se faire arracher une dent pour ne plus souffrir par la suite). Seule la sagesse peut nous guider, le sage étant celui qui par la puissance de son esprit sait rejeter les désirs illusoires et qui par là gagne la liberté de l’esprit et donc le bonheur. Il ne s'agit certainement pas de se laisser aller, de se laisser porter par la séduction de nos désirs les plus extrêmes. La vie heureuse suppose une maîtrise de soi.

Les désirs choisis sagement et avec mesure sont-ils le chemin vers le bonheur ? Epicure propose ainsi une philosophie du plaisir ; or les moyens proposés reviennent à un certain ascétisme, ce qui implique le reniement de bien des plaisirs. L’épicurisme vrai est une sagesse assez austère comparée à ce qu'on appelle "épicurisme" dans notre mentalité postmoderne. Du pain, de l’eau et de l’amitié. Telle est la formule de la vie épicurienne. Pour Epicure, il y a une grandeur et une beauté dans cette retenue, dans la conquête de la tempérance heureuse, bien plus qu’il n’y en a dans l’avidité sans frein.

En quoi la modération de mes désirs me conduit-elle au bonheur ? Aristote dans l' Ethique à Nicomaque met en valeur une nette détermination  de ce qu'est le juste milieu, ce qui est à égale distance de deux extrêmes, comme caractère essentiel de la vertu d'être un milieu entre deux excès: la réflexion dans le choix de ses envies entre n’assouvir aucun de ses désirs et suivre aveuglement son « grand appétit ». Dans le même sens, André Comté-Sponville dans le Petit traité des grandes vertus explique que comme la justice, la tempérance est une vertu soucieuse de mesure. La mesure de ses désirs tient cependant davantage de l’art de vivre : par la contention de ses plaisirs, le sage respecte des limites qui sont celles du corps, toujours rapidement rassasié. Au contraire des jouisseurs, insatiables et malheureux, le tempérant réduit la quantité de ses plaisirs pour en augmenter la qualité. L’excès de nos comportements est souvent poussé par nos passions. Ces passions mal gérées nous amène au malheur. Le malheur que crée cette démesure de nos envies semblerait provenir de notre « non domination » de nos excès.

Dans quelle mesure les passions nous éloignent-elles du bonheur sans que nous le voulions ? Les passions sont très peu contrôlables. En effet, tandis que le choix volontaire suppose un équilibre relatif de nos tendances, le choix passionnel traduit une rupture de cet équilibre. Saint Augustin dans Les Confessions , explique que même entretenue et favorisée, la passion reste le signe de notre dépendance : quels que puissent être sa vigueur et ses effets, elle est toujours ignorance de soi-même, de son objet, de ses véritables fins. En d’autres termes, la passion, qui est une spécification du désir, se distingue de celui-ci tant pas sa constance (le désir peut en effet être intermittent) que par son ardeur (certains désirs étant tempérés). Aussi, la passion se traduit-elle toujours par une sorte de délire, ou encore d’ensorcellement. Je ne semble ainsi pas être totalement maître de moi-même lorsque je suis assujetti à une de mes passions et donc à un de mes désirs. Ainsi, la passion de vouloir assouvir mon « appétit » pourrait être plus forte que ma volonté de ne pas me laisser aller à mes désirs et c’est en ce sens que l’excès de mes envies me rend malheureux.

Celui qui se laisse aller à ses désirs et à ses passions excessifs est-il dans le bonheur ou dans le malheur ? Descartes dans la Lettre à Elisabeth du 18 mai 1645 distingue les âmes nobles des âmes viles. La différence réside pour lui dans le fait que les âmes vulgaires s’abandonnent à leurs passions. Descartes dans le Traité des passions définit les passions comme étant « un état de l’âme causé par le corps ». Les âmes basses n’ont donc aucun contrôle sur leurs passions : elles sont au contraire réduites à ne pas se « laisser aller » entièrement, elles sont réduites à combattre une passion par une autre.

Ainsi par exemple, en opposant à la peur, qui provoque la fuite, l’ambition «  qui représente l’infamie de cette fuite comme un mal pire que la mort  » : «  Ces deux passions agitent diversement la volonté, laquelle, obéissant tantôt à l’une, tantôt à l’autre, s’oppose continuellement à soi-même et rend ainsi l’âme esclave et malheureuse  ». Ces âmes abjectes rentrent alors dans un tourbillon, dans un cercle capricieux. En effet, esclaves de leurs passions, elles deviennent esclaves de leurs destins : leurs humeurs dépendent alors de ce qui leur arrive. Elles «  ne sont heureuses ou malheureuses selon que les choses qui leur surviennent sont agréables ou déplaisantes  ». Ainsi, peut-on dire que les âmes « basses » ou plutôt dirons nous faibles, se laissent écraser par les évènements de leur vie. Plutôt que d’être acteur de leur destin, les basses âmes sont de simples spectateurs. Ils sont passifs et se laissent écraser par leur excès.

Au contraire, les «  grandes âmes  » possèdent un «  raisonnement  » considérable et influent. Ces âmes ont elles aussi des passions, et même des passions plus intenses, plus violentes que les autres. Pourtant, malgré la puissance de leurs passions et de leurs désirs, leurs raisons dominent. Cette raison nous permet en effet de connaître le mécanisme de notre vie affective et l’emprise qu’elle peut avoir sur nous. Il s’agit de domestiquer ses passions, ses excès, ses désirs et d’en prendre une connaissance adéquate pour qu’ils cessent de nous faire pâtir. Ainsi, ces âmes nobles ne subissent pas leurs passions et donc pas leurs désirs; bien au contraire, elles se servent d’elles. Les âmes nobles exercent un contrôle sur leurs envies. Les âmes puissantes résistent à ses souffrances qui font «  leur force  » et leur sont plaisantes. Les âmes fortes sont celles dont la volonté combat les passions mauvaises avec ses propres armes, c'est-à-dire par «  des jugements fermes et déterminés touchant la connaissance du bien et du mal, suivant lesquels elle a résolu de conduire les actions de sa vie  ». Les âmes fortes arrivent donc au bonheur en contrôlant et donc en mesurant leurs désirs.

Comme nous l’avons vu, le désir semble être une composante de l’être humain. Pour la plupart d’entre nous le bonheur est la même chose que la satisfaction des désirs ; c’est l’état béat de contentement de celui qui a enfin pu obtenir ce qu’il cherchait, l’objet de ses désirs. L’assouvissement de toutes mes envies semblerait être la condition pour que je j’atteigne le bonheur. Pourtant, personne ne peut souscrire raisonnablement à pareille doctrine de défoulement des désirs afin d’atteindre le bonheur. Il semblerait en effet que le bonheur pourrait être plus près du renoncement à ses désirs. «  On n’est heureux qu’avant d’être heureux  » disait Rousseau. Pourtant, renoncer totalement à désirs pourrait me rendre malheureux. L’homme se retrouve alors entre deux extrêmes. Se donner pour règle de satisfaire tous ses désirs, ses besoins c'est se condamner à une vie de souffrance et non une vie de bonheur. De même, renoncer totalement à ses désirs ne me satisfait pas totalement. Il semblerait donc que mon bonheur pourrait être atteint par une mesure et une tempérance dans l’assouvissement de mes désirs. Ce n’est donc qu’en maîtrisant ses désirs et en trouvant la juste mesure que je deviens sage. Cette sagesse dans la satisfaction de mes désirs m’apporte le bonheur et m’éloigne du malheur de la démesure.

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    A la tête d'une société boursière, il aurait tout pour être heureux : sa fortune lui permet d'obtenir tout ce qu'il désire : pouvoir, drogues et femme. Allant ainsi de plaisirs en plaisirs, il est persuadé qu'il va droit au bonheur.

  19. Le bonheur

    Je vais d'abord faire un point sur la définition du bonheur et les principaux termes proches dont il faut le distinguer. Puis, je vais passer en revue quelques grandes questions possibles sur le bonheur. On peut définir le bonheur comme un état de satisfaction durable et global.

  20. La conscience fait-elle obstacle au bonheur

    1. La conscience morale est un obstacle au bonheur. A. L'obstacle intérieur de la mauvaise conscience. La conscience morale nous rend attentifs à des valeurs relatives au bien et au mal, et nous impose de conformer notre conduite à certaines normes.

  21. Dissertation sur le bonheur

    Le bonheur n'est-il qu'éphémère? On peut définir le bonheur comme un état de satisfaction durable et complète. Etat de satisfaction : le bonheur est valorisé positivement, ce qui s'accorde avec le caractère laudatif, positif, de la notion d'idéal.

  22. Dépend-il de nous d'être heureux

    Dans le cadre qui vient d'être délimité, nous pouvons apporter un premier élément de réponse à la question qui nous est posée : le bonheur dépend de nous, si nous avons bien compris en quoi consistait la véritable nature de ce bonheur.

  23. On ne badine pas avec l'amour d'Alfred de Musset Cours

    En 1834, le directeur de La Revue des Deux Mondes lui commande une pièce que Musset s'attèle à rédiger en deux mois à peine : On ne badine pas avec l'amour. Il trouve son inspiration dans son drame personnel, celui de l'échec de sa relation avec George Sand, qui l'avait abandonné à Venise pour le médecin Pagello.

  24. Le bonheur, est-ce renoncer à ses désirs

    Dissertation entièrement rédigée en trois parties : I. Volupté des désirs et impossibilité du bonheur, II. Au contraire réfréner ses désirs semble également être une impasse, III. Quelle modération des désirs pour mener alors au bonheur ? Contient beaucoup de références et citations à réutiliser.